La FSSPX, sur le bûcher de l’herméneutique de rupture ? Antoine

Sauf avis contraire, les articles ou confé­rences qui n’é­manent pas des
membres de la FSSPX ne peuvent être consi­dé­rés comme reflétant
la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

On peut se deman­der ce qui agite réel­le­ment l’Église et les médias à tra­vers cette levée de l’excommunication.
Il suf­fi­ra de prendre un peu de recul pour répondre à cette question…

Car enfin, que repré­sente réel­le­ment la FSSPX dans le monde, la FSSPX dans l’Eglise ? 500 prêtres pour 200 000 fidèles.… Quelle peur face à une si faible mino­ri­té ? Pourquoi tant d’a­char­ne­ment face à une la poi­gnée de fidèles que nous représentons ?

Soyons réalistes,en quoi la FSSPX dérange-​t-​elle autant, en quoi la FSSPX pourrait-​elle chan­ger la vie de l’Église, défier le monde ?

Non, ne nous leur­rons pas, ce n’est pas le retour de la Fraternité qui est en cause, cela la dépasse lar­ge­ment, c’est la mis­sion de l’Église, sa voca­tion qui est en cause et même sa nature. Mgr Williamson n’est qu’un pré­texte, abso­lu­ment rien d’autre. Ses pro­pos , condam­nables sous de nom­breux aspects, auraient pu, auraient dû res­ter dans l’ou­bli face à des hommes de bien, face à des consciences réel­le­ment libres.

Mgr Fellay est quant à lui par­fai­te­ment réa­liste, et il se pose lui aus­si cette même ques­tion. Pourquoi les pro­pos de la FSSPX sont ils autant scru­tés, pour­quoi cherche-​t-​on tant à la mettre en dif­fi­cul­té, pour­quoi tant de reten­tis­se­ment à chaque décla­ra­tion publique des supé­rieurs de la FSSPX ? 

Autremoine, il me semble, appor­tait une très bonne réponse à cette ques­tion, une réponse que j’aime beau­coup, car c’est la seule que je trouve capable d’ex­pli­quer aujourd’­hui cet étrange phé­no­mène, cet achar­ne­ment média­tique et clé­ri­cal qui avait déjà en son temps pous­sé Mgr Lefebvre à cet acte providentiel.

La FSSPX semble bien être la mau­vaise conscience de l’Eglise, la mau­vaise conscience du monde moderne. Voilà la clé du mys­tère, la clé de toute cette hor­reur qui explose à la figure de l’Eglise.

Ce phé­no­mène est simple, il est par­fai­te­ment connu, c’est celui que l’on retrouve en nous-​même à tra­vers notre conscience d’être humain, une conscience qui est sou­mise au vrai et au bien, qui n’est pas libre dans la mesure où elle ne doit pas être pré­texte à tout et n’im­porte quoi. Il suf­fit de regar­der ceux qui nous entourent, ces pro­mo­teurs achar­nés de l’a­théisme ces défen­seurs d’une laï­ci­té laï­carde qui vou­draient que cha­cun puisse faire ce qu’il veut, agir contre sa conscience, contre ses devoirs, contre un Dieu qui s’im­pose pour­tant à leur raison.

Notre conscience éclai­rée par notre rai­son nous rap­pelle à l’ordre bien sou­vent, nous fait aimer le bien et détes­ter le mal, aimer la véri­té et reje­ter l’er­reur. Pas besoin de faire de la haute phi­lo­so­phie pour s’en rendre compte, il suf­fit d’être humain.… et la réa­li­té s’im­pose à nous.

Et pour­tant, il est pos­sible de reje­ter notre bonne conscience, de pré­fé­rer le mal au bien, de nous atta­cher à l’er­reur plu­tôt qu’au vrai. Qui n’en a jamais fait l’ex­pé­rience ? C’est le prin­cipe même du péché, ce péché dont on ne veut plus entendre par­ler, contre lequel on ne veut plus avoir à lut­ter au nom d’une pré­ten­due liber­té de conscience, qui tend à nous faire deve­nir des hommes-​dieux à tra­vers les « droits de l’homme », nous fai­sant oublier nos devoirs envers notre Créateur du ciel, à qui nous devons tout…

Le péché est un grand mal, mais l’a­char­ne­ment au péché, le vice est bien pire … Le catho­lique a cette immense pri­vi­lège de pou­voir deman­der par­don à Dieu et de trou­ver ain­si la tranquillité.

Mais pour ceux qui s’a­charnent dans le mal, dans l’er­reur, il n’y a pas de repos, pas de tran­quilli­té. Ils ont une conscience sans cesse ron­gée par le tour­ment, par le trouble qui est en eux.

La seule façon d’exor­ci­ser le mal qui les ronge, de se don­ner bonne conscience, c’est de conspuer ceux qui font le bien, de se trou­ver des excuses à tra­vers toute sorte de pré­textes et d’er­reurs dans les­quelles leur rai­son dévoyée arrive à trou­ver un sem­blant de repos.…

La reli­gion est une école d’exi­gence qui nous fait renon­cer à nous même pour arri­ver à Dieu.

C’est alors que l’on trouve le repos et la tran­quilli­té, dans l’Amour du Christ.

L’amour est exi­geant, c’est vrai dans la vie, c’est vrai dans un couple, il n’y a aucune rai­son que ce ne soit pas vrai pour Dieu, le Christ nous en a don­né la plus incroyable preuve en mou­rant sur la Croix. La plus grande preuve d’Amour libre à tra­vers le plus grand des Sacrifice : celui du Fils de Dieu fait homme, et mort sur la Croix pour rache­ter l’homme et lui méri­ter le ciel.…

Voilà donc ce qui dérange à tra­vers la FSSPX.… Ce ne sont pas les pro­pos tout autant scan­da­leux qu’ils soient de Mr Williamson.… Ce n’est pas cette soit-​disant rébel­lion de Mgr Lefebvre sur laquelle on appuie en oubliant d’en don­ner les cir­cons­tances, les raisons.

Non, c’est la mau­vaise conscience du moder­nisme issu du concile Vatican II qui en est la cause.

C’est le triomphe de l’her­mé­neu­tique de rup­ture issue du concile qui vacille avec cette levée d’ex­com­mu­ni­ca­tion, celle que conspuait Benoît XVI au début de son pon­ti­fi­cat, her­mé­neu­tique de rup­ture qui trouve bel et bien sa source à tra­vers le concile, à tra­vers cette volon­té de ne pas défi­nir pré­ci­sé­ment les devoirs du chré­tiens, de ne pas dog­ma­ti­ser, de ne plus condam­ner ceux qui choi­sissent l’er­reur et le mal.

Ce n’est pas de la FSSPX qu’on ne veut pas, c’est d’une reli­gion tour­née vers Dieu avant d’être tour­née vers l’homme qu’on ne veut pas. « Dieu pre­mier ser­vi » : il n’en est pas question !!!

On ne veut pas des exi­gences de sain­te­té, de la recherche conti­nue de Dieu en toute chose. Ce qui compte c’est l’homme avant Dieu, son petit confort intel­lec­tuel et maté­riel. L’homme a des droits, a une conscience libre, et cela lui donne pré­texte à offen­ser Dieu en toute impu­ni­té… Le Sacrifice de Notre Seigneur devient une façon de légi­ti­mer nos péchés, nos misères, de les jus­ti­fier ou de les excu­ser, sans que nous ayons à faire des efforts pour nous en déta­cher. L’Amour de Dieu devient uni­la­té­ral, Dieu nous aimant, nul besoin de l’ai­mer en retour pour nous sauver.

Voilà le véri­table rejet, ne nous y trom­pons pas.

Nous assis­tons bel et bien à un conflit lié à lune rup­ture, cet épi­sode nous jette en pleine her­mé­neu­tique de rup­ture, elle en est l’in­di­ca­teur, le ther­mo­mètre comme dirait Mgr Fellay.

Lorsqu’on est malade, il est plus facile de s’en prendre au ther­mo­mètre qu’au mal en lui même.

Pendant 40 ans, la FSSPX a sû gar­der cette foi de tou­jours, nous ne sommes que les témoins de la foi de l’Eglise telle qu’elle était vécue à tra­vers 2 000 ans d’his­toire de l’Eglise. Et c’est cela qui dérange… Cette foi dérange, elle ne cor­res­pond pas à la foi de l’Eglise d’aujourd’hui.

La FSSPX est bien le ther­mo­mètre de l’her­mé­neu­tique de rup­ture.… On a beau vou­loir détruire ce ther­mo­mètre, le mal demeure et dérange les consciences.…

Antoine – Bratislava, le 16 février 2009