Entretien de Mgr Fellay donné à « Monde et Vie » du 31 janvier 2009


Sauf avis contraire, les articles ou confé­rences qui n’é­manent pas des
membres de la FSSPX ne peuvent être consi­dé­rés comme reflé­tant
la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

On devine que le supé­rieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X est sur­char­gé en ce moment. Durant le bref entre­tien qu’il a pu nous accor­der, au cours de son pas­sage à Paris, son télé­phone n’arrêtait pas de son­ner. Mais il livre ici l’essentiel de ce qu’il faut savoir pour com­prendre ce que sera la suite des évé­ne­ments. Une réin­té­gra­tion pleine et entière de la FSSPX dans la hié­rar­chie romaine semble désor­mais à por­tée de main.

Vous attendiez-​vous, Monseigneur, à cette levée de l’excommunication vous concernant ? 

Je m’y atten­dais depuis 2005, depuis la pre­mière lettre de demande de levée de l’excommunication que j’avais adres­sée à la demande de Rome même. Parce qu’il est clair que Rome ne deman­dait pas cette lettre pour refu­ser de lever l’excommunication. Quant au moment où cela s’est pas­sé, je ne m’y atten­dais pas. Ces der­niers mois, après l’affaire de l’ultimatum, même après qu’elle ait été résor­bée, nous étions plu­tôt en froid. Puis j’ai écrit la lettre du 15 novembre, qui est men­tion­née dans le décret et dans ma lettre aux fidèles… 

Ce décret est-​il un signe de la volon­té du Pape ? 

Je l’attribue d’abord à la Sainte Vierge. Voilà le signe mani­feste, avec une réponse presque immé­diate. Je venais juste de déci­der d’aller à Rome pour por­ter le résul­tat du bou­quet de cha­pe­lets que nous avions lan­cé à Lourdes avec cette inten­tion expli­cite, lorsque j’ai reçu un appel de Rome m’invitant à passer. 

Le conten­te­ment que vous mani­fes­tez aujourd’hui est-​il tem­pé­ré par le reste du che­min à parcourir ? 

C’est encore trop tôt pour le dire. Il vient de se pas­ser un acte de très grande impor­tance dont nous sommes vrai­ment recon­nais­sants, mais c’est assez dif­fi­cile de l’évaluer pour l’instant. Nous n’en voyons pas encore toutes les impli­ca­tions. Il y a encore beau­coup de tra­vail, mais nous avons vrai­ment une grande espé­rance d’une res­tau­ra­tion de l’Eglise.

A quand remonte ce chan­ge­ment dans vos rela­tions avec Rome ? 

A l’arrivée du pape actuel. J’ai d’abord évo­qué la Sainte Vierge, mais, sur le plan humain, il ne faut pas avoir peur d’attribuer à Benoît XVI ce qui vient de se pas­ser. C’est le début de quelque chose, qui a déjà com­men­cé avec le Motu pro­prio. Je pense que le Pape estime le tra­vail que nous faisons. 

Dans cette his­toire, ce mou­ve­ment, cer­tains ont esti­mé que vous par­tiez trop tard. Pensez-​vous aujourd’hui que d’autres, en par­ti­cu­lier à l’intérieur de la Fraternité Saint-​Pie X, puissent esti­mer que vous par­tez trop tôt ? 

Je ne peux pas tout exclure, mais, s’il y a des sépa­ra­tions, elles seront extrê­me­ment minimes. 

Pensez-​vous que votre situa­tion va se régler d’abord sur un plan pratique ? 

Jusqu’ici notre ligne de route a été d’éclaircir d’abord les pro­blèmes doc­tri­naux – même s’il ne s’agit pas d’absolument tout régler, mais d’obtenir une cla­ri­fi­ca­tion suf­fi­sante – sinon on risque de faire les choses à moi­tié. Ou que cela finisse mal. 

Et pensez-​vous que, au-​delà de Rome, vos contacts vont s’intensifier ?

C’est le but, comme je l’ai expli­qué à Rome, en disant que la situa­tion telle que nous la pro­po­sons est certes pro­vi­soire, mais qu’elle est paci­fiante, et qu’elle per­met­tra, len­te­ment, de pou­voir recol­ler avec toutes les âmes de bonne volon­té. Cela se fera donc gra­duel­le­ment. Et cela dépen­dra aus­si des réac­tions de l’autre côté. Mais il n’y a pas d’à prio­ri, le seul à prio­ri c’est celui de la Vérité et de la Charité.

Olivier FIGUERAS pour 

FSSPX Premier conseiller général

De natio­na­li­té Suisse, il est né le 12 avril 1958 et a été sacré évêque par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988. Mgr Bernard Fellay a exer­cé deux man­dats comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour un total de 24 ans de supé­rio­rat de 1994 à 2018. Il est actuel­le­ment Premier Conseiller Général de la FSSPX.