15 Janvier 1986 – 15 août 2008 : VINGT DEUX ANS ET PLUS !

« Voici donc qu’au terme de ces vingt deux années de pré­sence au Gabon, la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X s’or­ga­nise en « District Afrique ». Le Supérieur Général de la Fraternité St Pie X, Monseigneur Bernard FELLAY et son Conseil en ont ain­si déci­dé pour le plus grand bien de la Mission Catholique en Afrique, et afin de mieux répondre aux nom­breux appels de fidèles qui, pro­ve­nant de pays de plus en plus nom­breux aus­si, sol­li­citent nos ser­vices. » [Abbé Patrick Groche – Extrait du Saint Pie n° 164 de juin 2008]

Mgr Marcel lefebvre, Mgr Ndong et l’ab­bé Jean-​Marie, curé de de N’Djolé

22 ans de travail : hommage au « Père groche »

Le Père GROCHE nous annonce son départ de la Mission St Pie X. Cette impor­tante nou­velle nous touche tous, prêtres, reli­gieux, reli­gieuses et fidèles. Les plus anciens se sou­viennent des pre­mières années évo­quées dans l’éditorial. C’est aus­si l’occasion d’observer l’œuvre accom­plie depuis vingt deux ans : en toute véri­té, une œuvre de géant.

« S’ils se taisent, les pierres crieront » (Lc 19,40)

Ce qui frappe d’abord le regard, ce sont les construc­tions. Le Père Groche a été tout ensemble, maître d’ouvrage, archi­tecte, entre­pre­neur, ouvrier ; com­bien de fois ne l’avons-nous pas vu mettre lui-​même la main. Combien de fidèles ont cher­ché le Supérieur de la Mission en inter­ro­geant ce prêtre aux manches retrous­sées, sans savoir qu’ils avaient devant eux le Supérieur !

Évoquons la Mission avec ses trois mai­sons : L’église du Cœur Immaculée de Marie et son cloître St Joseph, la mai­son St Pie X, la mai­son St Joseph et celle des Saints Anges. Continuons par le Juvénat du Sacré Cœur sur lequel il a veillé comme sur la pru­nelle de ses yeux car là est l’école, ave­nir de la Mission !

Regardons Four Place : la cha­pelle St Patrick et le Prieuré Saint-​Jacques qui a connu encore récem­ment de bonnes amé­lio­ra­tions. N’oublions pas la mai­son de Mebba, prê­tée par des fidèles, entre­te­nue et amé­lio­rée par les soins atten­tifs du Père Groche : que de grâces dans cette mai­son des retraites spi­ri­tuelles et des camps d’enfants !

Finissons par le Domaine Saint Joseph d’Andem, futur inter­nat des gar­çons, pour lequel le Père a dépen­sé beau­coup d’énergie ; après le forage du puits et l’ouverture de la piste qui lui a don­né quelques sueurs froides tant le finan­ce­ment a été lourd, déjà il a tra­cé des ébauches de plans et d’études. On a dit que le Père René Lefebvre a lais­sé au Gabon le sou­ve­nir d’un orga­ni­sa­teur et d’un bâtis­seur (Les Rois Mages, et Ste Jeanne d’Arc de Likouala). Il me semble que cet éloge convient au Père Groche. Nous, ses subor­don­nés et col­la­bo­ra­teurs, avons eu quel­que­fois de la peine à suivre son rythme ! Le résul­tat de vingt deux ans de tra­vail achar­né est là : une belle œuvre, un admi­rable ins­tru­ment d’apostolat. Le Gabon est béni de Dieu !

« Toute la gloire est au-​dedans » (Ps 44,14)

Nous venons d’évoquer la façade. Elle est magni­fique, à l’image du cœur magna­nime qui en a été l’artisan. Ne res­tons pas à l’extérieur ; péné­trons au dedans pour décou­vrir que der­rière cette façade, un tra­vail extra­or­di­naire a été fait. C’est le tra­vail de la Grâce de Dieu, bien vivante et vivi­fiante dans la Tradition de l’Église. Les limites de ces lignes ne per­met­tront pas un tour com­plet et détaillé. Quant à tout dire c’est impos­sible ; Dieu seul sait les « magna­lia Dei », mer­veilles de Dieu, réa­li­sées dans le secret des cœurs depuis 1986.

Puisque la Fraternité a pour but le sacer­doce catho­lique et tout ce qui s’y rat­tache immé­dia­te­ment, res­tons en, au bou­quet des voca­tions gabo­naises qui se sont épa­nouies durant ce temps : sept reli­gieux (trois frères, quatre sœurs), quatre prêtres, un sémi­na­riste et deux pré sémi­na­ristes. Je ne parle pas des jeunes gens et jeunes filles qui, au cours de ces vingt deux ans, se sont offerts géné­reu­se­ment et sérieu­se­ment au ser­vice de Dieu, sans pour autant abou­tir ; j’en compte cinq et en oublie cer­tai­ne­ment. Je pense qu’ils font par­tie de ce bou­quet, plus dis­crè­te­ment. Voilà la plus pro­fonde réus­site en vingt deux ans : don­ner à l’Église, onze voca­tions accom­plies et trois en pré­pa­ra­tion. Nous sommes témoins de l’abnégation, des renon­ce­ments et des sacri­fices consen­tis pour « payer » le prix de ce divin suc­cès. En effet, le Gabon, si atta­chant qu’il soit, est une jeune terre chré­tienne où l’ivraie du moder­nisme sté­ri­li­sant et du maté­ria­lisme jouis­seur a été effi­ca­ce­ment semé pour étouf­fer la bonne graine.

La bonne graine a quand même pous­sé et porte déjà du fruit. Parce que dans ce champ d’apostolat de la Mission Saint Pie X, toute action a été enra­ci­née dans le Saint Sacrifice de la Messe et la sainte Liturgie. C’est pour­quoi le Père Groche, en ter­mi­nant l’éditorial men­tionne expres­sé­ment les ser­vants de messe.

Ces vingt deux ans sont une réus­site parce que la Messe et sa Liturgie ont été le foyer d’où l’Apostolat a rayon­né. Et c’est si vrai que l’exemple de la Mission a fait école dans des paroisses du dio­cèse, aujourd’hui encore pri­son­nières du moder­nisme ; ici et là, pour­tant, depuis une bonne dizaine d’années des céré­mo­nies long­temps oubliées ont repa­ru : la pro­ces­sions des rameaux, de la Fête Dieu, pèle­ri­nage à Melen, etc… Les Évêques du Gabon, en visi­ta ad limi­na, n’avaient-ils pas expli­qué, à ce qu’on dit, au Pape Jean Paul II que l’Église du Gabon ren­con­trait trois pro­blèmes prin­ci­paux : l’Islam, les sectes pen­te­cô­tistes et la Mission Saint Pie X. « Petit pays, grands pro­blèmes » avait répon­du le Saint Père !

La Mission St Pie X est-​elle donc un pro­blème parce qu’elle prêche la Tradition catho­lique sans mélange de moder­nisme et sans com­pro­mis­sion tac­tique avec l’église conci­liaire ? A l’épreuve des faits, tout le contraire est prouvé !

Une action de grâce

S’il est incon­ve­nant de pré­tendre à un bilan après ces années héroïques de fon­da­tion, n’est-il pas bon d’évoquer ce que
nous consta­tons avec admi­ra­tion. Prêtres, reli­gieux, reli­gieuses et fidèles de la Mission St Pie, nous avons eu la grâce d’avoir comme fon­da­teur de cette Mission et de ses œuvres, un prêtre qui, bien des fois, fut le confi­dent de Monseigneur Lefebvre, tout au long de plu­sieurs voyages et dont le Père Groche fut l’accompagnateur.

Notre belle Mission St Pie X a donc été d’autant mieux fon­dée qu’elle l’a été par un de ceux qui ont bu à la source du véné­ré Fondateur, au plus près. L’heure est donc à l’action de grâce et à la recon­nais­sance pour tant de bien­faits. Tandis qu’une page se tourne, dans l’histoire de notre Mission, son ave­nir s’enracine plus que jamais dans ce pres­ti­gieux pas­sé. « La gloire du pas­sé est une obli­ga­tion pour l’avenir…» (Pie XII).

Un précieux témoignage

Récemment, un parois­sien a recueilli un beau témoi­gnage d’un prêtre gabo­nais aujourd’hui très âgé. Ce témoi­gnage vaut mieux qu’une médaille d’or, il ser­vi­ra de conclusion :

« Mais il y a encore la Mission St Pie à Libreville, là-​bas, vers Rio, la Mission de Monseigneur Lefebvre avec le Père Groche… Lui, on voit, il a été for­mé par Monseigneur Lefebvre, il est pareil… c’est comme Monseigneur Lefebvre… Ah oui ! »

conclut le prêtre avec un sou­rire qui se per­dait dans la satis­fac­tion d’évoquer un grand et bon souvenir.

Père Patrick C. DUVERGER .

Pour aider le « Prieuré-​Mission » du gabon et l’école-​collège « Junénat du Sacré-Cœur