Discours de Jean-​Paul II pour les 10 ans du motu proprio Ecclesia Dei adflicta

Au len­de­main de la béa­ti­fi­ca­tion de quatre nou­veaux bien­heu­reux (voir p.1049), le Pape Jean-​Paul II a reçu les pèle­rins venus du monde entier, le lun­di 26 octobre. Parmi eux se trou­vaient aus­si les 1500 par­ti­ci­pants du pèle­ri­nage tra­di­tio­na­liste orga­ni­sé pour mar­quer le dixième anni­ver­saire de la pro­mul­ga­tion du Motu Proprio Ecclesia Dei. Voici le pas­sage de l’al­lo­cu­tion où le Pape s’est adres­sé en fran­çais aux pèle­rins de la mou­vance tra­di­tio­na­liste demeu­rant atta­chée à l’Église catho­lique et au Pape

Je vous salue cor­dia­le­ment, chers pèle­rins qui avez tenu à venir à Rome à l’oc­ca­sion du dixième anni­ver­saire du motu pro­prio Ecclesia Dei, pour affer­mir et renou­ve­ler votre foi au Christ, et votre fidé­li­té à l’Église. Chers amis, votre pré­sence auprès du « Successeur de Pierre à qui revient en pre­mier de veiller à l’u­ni­té de l’Église » (Conc. œcum. Vat. I, Constitution dog­ma­tique I Pastor æter­nus) est par­ti­cu­liè­re­ment significative.

Pour sau­ve­gar­der le tré­sor que Jésus lui a confié et en étant réso­lu­ment tour­née vers l’a­ve­nir, l’Église a le devoir de réflé­chir en per­ma­nence sur son lien avec la Tradition qui nous vient du Seigneur par les Apôtres, telle qu’elle s’est consti­tuée tout au long de l’histoire. Selon l’es­prit de conver­sion de la lettre apos­to­lique Tertio mil­len­nio adve­niente (nn. 14, 32, 34, 50), j’ex­horte tous les catho­liques à faire des gestes d’u­ni­té et à renou­ve­ler leur adhé­sion à l’Église, pour que la légi­time diver­si­té et les dif­fé­rentes sen­si­bi­li­tés, dignes de res­pect, ne les séparent pas les uns des autres, mais les poussent à annon­cer ensemble l’Évangile ; ain­si, sti­mu­lés par l’Esprit qui fait concou­rir tous les cha­rismes à l’u­ni­té, tous pour­ront glo­ri­fier le Seigneur et le salut sera pro­cla­mé à toutes les nations.

Je sou­haite que tous les membres de l’Église demeurent les héri­tiers de la foi reçue des Apôtres, digne­ment et fidè­le­ment célé­brée dans les saints mys­tères, avec fer­veur et beau­té, afin de rece­voir de manière crois­sante la grâce (cf. Conc. œcum. de Trente, ses­sion VII, 3 mars 1547, Décret sur les sacre­ments) et de vivre une rela­tion intime pro­fonde avec la divine Trinité. Tout en confir­mant le bien fon­dé de la réforme litur­gique vou­lue par le Concile Vatican II et mise en œuvre par le Pape Paul VI, l’Église donne aus­si un signe de com­pré­hen­sion aux per­sonnes « atta­chées à cer­taines formes litur­giques et dis­ci­pli­naires anté­rieures » (Motu pro­prio Ecclesia Dei, n. 5). C’est dans cette pers­pec­tive que l’on doit lire et appli­quer le Motu pro­prio Ecclesia Dei ; je sou­haite que tout soit vécu dans l’esprit du Concile Vatican II, dans la pleine har­mo­nie avec la Tradition, visant l’unité dans la cha­ri­té et la fidé­li­té à la Vérité.

C’est sous « l’ac­tion de l’Esprit Saint, par laquelle le trou­peau du Christ tout entier se main­tient et pro­gresse dans l’u­ni­té de la foi » (Conc. œcum. Vat. II, Constitution dog­ma­tique Lumen gen­tium, n. 25), que le Successeur de Pierre et les évêques, suc­ces­seurs des Apôtres, enseignent le mys­tère chré­tien ; de manière toute par­ti­cu­lière, les évêques, réunis en Conciles œcu­mé­niques cum Petro et sub Petro, confirment et affer­missent la doc­trine de l’Église, héri­tière fidèle de la Tradition exis­tant déjà depuis près de vingt siècles comme réa­li­té vivante qui pro­gresse, don­nant un élan nou­veau à l’en­semble de la com­mu­nau­té ecclé­siale. Les der­niers Conciles œcu­mé­niques – Trente, Vatican I, Vatican II – se sont par­ti­cu­liè­re­ment atta­chés à éclai­rer le mys­tère de la foi et ont entre­pris des réformes néces­saires pour le bien de l’Église, dans le sou­ci de la conti­nui­té avec la Tradition apos­to­lique, déjà recueillie par saint Hippolyte.

Il revient donc en pre­mier lieu aux évêques, en com­mu­nion avec le Successeur de Pierre, d’exer­cer avec fer­me­té et cha­ri­té la conduite du trou­peau, pour que la foi catho­lique soit par­tout sau­ve­gar­dée (cf. Paul VI, Exhortation apos­to­lique Quinque iam anni ; Code de Droit cano­nique, can. 386) et digne­ment célé­brée. En effet, selon les for­mules de saint Ignace d’Antioche, « là où est l’é­vêque, là aus­si est l’Église » (Lettre aux Smyrniotes, VIII, 2). J’invite aus­si fra­ter­nel­le­ment les évêques à avoir une com­pré­hen­sion et une atten­tion pas­to­rale renou­ve­lée aux fidèles atta­chés à l’an­cien rite et, au seuil du troi­sième mil­lé­naire, à aider tous les catho­liques à vivre la célé­bra­tion des saints mys­tères avec une dévo­tion qui soit un véri­table ali­ment pour leur vie spi­ri­tuelle et qui soit source de paix.

En vous confiant à l’in­ter­ces­sion de la Vierge Marie, par­fait modèle de la seque­la Christi et Mère de l’Église, chers Frères et Sœurs, je vous accorde la Bénédiction apos­to­lique, ain­si qu’à tous ceux qui vous sont chers.

Herzlich grüße ich alle Pilger, die anläß­lich der zehn Jahre des Motu Proprio Ecclesia Dei zu den Gräbern der Apostelfürsten nach Rom gekom­men sind. Gerne erteile ich Euch und allen Euren Lieben daheim den Apostolischen Segen

I warm­ly wel­come the English-​speaking pil­grims who have come to vene­rate the Tombs of the Apostles on the occa­sion of the Tenth Anniversary of the Motu Proprio Ecclesia Dei. Upon you and your fami­lies, I invoke the Almighty God’s abun­dant blessings.

IOANNES PAULUS PP. II 

264e pape ; de 1978 à 2005