Lettre ouverte au Pape François au sujet de son message aux musulmans pour la fin du Ramadan, abbé Pagès


Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX [Ici lesite de
M. l’ab­bé Guy Pagès] ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

Très Saint-​Père,

Loué soit Notre Seigneur Jésus-​Christ qui vous a confié la mis­sion de conduire son Église !

Permettez-​moi au nom de nom­breuses per­sonnes cho­quées par votre lettre aux musul­mans à l’occasion de l’Id al-​Fitr, et en ver­tu du canon 212 § 3,((« Selon le savoir, la com­pé­tence et le pres­tige dont ils jouissent, ils ont le droit et même par­fois le devoir de don­ner aux Pasteurs sacrés leur opi­nion sur ce qui touche le bien de l’Église et de la faire connaître aux autres fidèles, res­tant sauves l’in­té­gri­té de la foi et des mœurs et la révé­rence due aux pas­teurs, et en tenant compte de l’u­ti­li­té com­mune et de la digni­té des per­sonnes. » (Can. 212 § 3). )) de vous faire part des réflexions de cette Lettre ouverte.

En saluant avec « un grand plai­sir » les musul­mans à l’occasion du rama­dan consi­dé­ré comme un temps consa­cré « au jeûne, à la prière et à l’aumône », vous sem­blez igno­rer que le jeûne du rama­dan est tel que « le cha­riot moyen d’une famille qui fait le rama­dan aug­mente de 30 % »((http://​www​.leco​no​miste​.com/​a​r​t​i​c​l​e​/​8​9​7​0​5​0​-​r​a​m​a​d​a​n​-​d​o​p​e​-​l​a​-​d​e​m​a​nde )), que l’aumône musul­mane est à des­ti­na­tion des seuls musul­mans néces­si­teux, et que la prière musul­mane consiste à notam­ment reje­ter cinq fois par jour la Foi en la Trinité et en Jésus-​Christ, à deman­der la faveur de ne pas suivre le che­min des éga­rés que sont les chré­tiens… De plus, durant le rama­dan, la délin­quance aug­mente de façon ver­ti­gi­neuse.((http://​fran​cais​de​france​.word​press​.com/​2​0​1​3​/​0​7​/​2​2​/​r​a​t​p​-​e​t​-​r​a​m​a​d​an/ )) Y a‑t-​il réel­le­ment en ces pra­tiques quelque motif d’éloge possible ? 

Votre lettre affirme que nous devons avoir de l’estime pour les musul­mans et « spé­cia­le­ment envers leurs chefs reli­gieux », mais vous ne dites pas à quel titre. Puisque vous vous adres­sez à eux en tant que musul­mans, il s’en suit que cette estime s’adresse aus­si à l’islam. Or, qu’est-ce que l’islam pour un chré­tien, sinon, puis­qu’« il nie le Père et le Fils » (1 Jn 2.22), un des Antichrist les plus puis­sants qui soient, en nombre et en vio­lence (Ap 20.7–10) ? Comment peut-​on esti­mer à la fois le Christ et ce qui s’oppose à Lui ? 

Votre mes­sage note ensuite que « les dimen­sions de la famille et de la socié­té sont par­ti­cu­liè­re­ment impor­tantes pour les musul­mans en cette période » de rama­dan, mais ce qu’il ne dit pas, c’est que le rama­dan sert de for­mi­dable moyen de condi­tion­ne­ment social, d’oppression, de fli­cage des insou­mis au tota­li­ta­risme isla­mique, bref de néga­tion totale du res­pect que vous évo­quez… Ainsi l’article 222 du Code pénal maro­cain sti­pule que : « Celui qui, notoi­re­ment connu pour son appar­te­nance à la reli­gion musul­mane, rompt osten­si­ble­ment le jeûne dans un lieu public pen­dant le temps du Ramadan, sans motif admis par cette reli­gion, est puni de l’emprisonnement d’un à six mois et à une amende ». Et il ne s’agit que du Maroc…

Quels « paral­lèles » réussissez-​vous à trou­ver entre « les dimen­sions de la famille et de la socié­té musul­mane » et « la foi et la pra­tique chré­tiennes », puisque le sta­tut de la famille musul­mane inclut la poly­ga­mie (Coran 4.3 ; 33.49–52,59), la répu­dia­tion (Coran 2.230), l’infériorité onto­lo­gique et juri­dique de la femme (Coran 4.38 ; 2.282 ; 4.11), le devoir pour son mari de la battre à son gré (Coran 4.34), etc. ? Quel paral­lèle peut-​il y avoir entre la socié­té musul­mane bâtie à la gloire de l’Unique, et qui de ce fait ne peut tolé­rer l’altérité ni la liber­té, ni non plus en consé­quence dis­tin­guer les domaines reli­gieux et spi­ri­tuel ? « Entre nous et vous, c’est l’inimitié et la haine à jamais jusqu’à ce que vous croyez en Allah, seul ! » (Coran 60.4), et la socié­té chré­tienne qui, parce que bâtie à la gloire du Dieu Un et Trine, valo­rise le res­pect des légi­times dif­fé­rences ? A moins qu’il faille entendre par « paral­lèle » non ce qui se res­semble et donc s’assemble, mais ce qui au contraire ne se rejoint jamais ? Auquel cas, l’équivoque sert-​elle la clar­té de votre propos ?

Vous pro­po­sez à vos inter­lo­cu­teurs de réflé­chir à « la pro­mo­tion du res­pect mutuel à tra­vers l’éducation », en lais­sant croire qu’ils par­tagent avec vous des mêmes valeurs d’humanité, de « res­pect mutuel ». Mais tel n’est pas le cas. Pour un musul­man, il n’y a pas de nature humaine à laquelle se réfé­rer, ni de bien connais­sable par la rai­son : l’homme et son bien ne sont que ce que le Coran en dit. Or le Coran apprend aux musul­mans que notam­ment les chré­tiens, parce qu’ils sont chré­tiens, « ne sont qu’impureté » (Coran 9.28), les « pires de la créa­tion » (Coran 98.6), « plus vils que des bêtes » (Coran 8.22 ; cf. 8.55)((« au même titre que l’ex­cré­ment, l’u­rine, le chien, le vin. » pré­cise l’aya­tol­lah Khomény, in Principes poli­tiques, phi­lo­so­phique, sociaux et reli­gieux, Éditions Libres Hallier, Paris, 1979. ))… Parce que l’islam est la vraie reli­gion (Coran 2.208 ; 3.19,85), qui doit domi­ner sur toutes les autres, jusqu’à les éra­di­quer com­plè­te­ment (Coran 2.193), ceux qui ne sont pas musul­mans ne peuvent qu’être des per­vers et des mau­dits (Coran 3.10,82,110 ; 4.48,56,76,91 ; 7.144 ; 9.17,34 ; 11.14 ; 13.15,33 ; 14.30 ; 16.28–9 ; 18.103–6 ; 21.98 ; 22.19–22,55 ; 25.21 ; 33.64 ; 40.63 ; 48.13) que les Musulmans doivent com­battre sans cesse (Coran 61.4,10–2 ; 8.40 ; 2.193), par la ruse (Coran 3.54 ; 4.142 ; 8.30 ; 86.16), la ter­reur (Coran 3.151 ; 8.12,60 ; 33.26 ; 59.2), et toutes sortes de châ­ti­ments (Coran 5.33 ; 8.65 ; 9.9,29,123 ; 25.77) comme la déca­pi­ta­tion (Coran 8.12 ; 47.4) ou la cru­ci­fixion (Coran 5.33) en vue de les éli­mi­ner (Coran 2.193 ; 8.39 ; 9.5,111,123 ; 47.4) et anéan­tir défi­ni­ti­ve­ment (Coran 2.191 ; 4.89,91 ; 6.45 ; 9.5,30,36,73 ; 33.60–2 ; 66.9). « Ô vous qui croyez ! Combattez à mort les incroyants qui sont près de vous et qu’ils trouvent en vous la rudesse… » (Coran 9.124) ; « Puisse Allah les mau­dire ! » (Coran 9.30 ; cf. 3.151 ; 4.48)… Très Saint Père, peut-​on oublier, lorsque l’on s’adresse à des musul­mans, qu’ils ne sau­raient s’aventurer hors du Coran ?

Vos appels « à res­pec­ter dans chaque per­sonne, […] tout d’abord sa vie, son inté­gri­té phy­sique, sa digni­té avec les droits qui en découlent, sa répu­ta­tion, son patri­moine, son iden­ti­té eth­nique et cultu­relle, ses idées et ses choix poli­tiques. » ne sau­raient inflé­chir les dis­po­si­tions don­nées par Allah, qui sont immuables, et dont je viens d’énumérer cer­tains d’entre elles. Mais s’il faut res­pec­ter d’autrui « ses idées et ses choix poli­tiques », com­ment s’opposer alors à la lapi­da­tion, à l’amputation et à toutes sortes d’autres pra­tiques abo­mi­nables com­man­dées par la cha­ria ? Votre beau dis­cours ne peut pas émou­voir les musul­mans : ils n’ont pas de leçon à rece­voir de nous qui ne sommes « qu’impureté » (Coran 9.28). Et si cepen­dant ils vous en féli­citent, comme l’ont fait ceux d’Italie, c’est parce que la poli­tique du Saint-​Siège sert gran­de­ment leurs inté­rêts en fai­sant pas­ser leur reli­gion pour res­pec­table aux yeux du monde, fai­sant croire qu’elle les conduit à consi­dé­rer les valeurs uni­ver­selles que vous pré­co­ni­sez… Ils vous féli­ci­te­ront tant qu’ils seront, comme en Italie, en situa­tion mino­ri­taire. Mais lorsqu’ils ne le seront plus, arri­ve­ra ce qui arrive par­tout où ils sont majo­ri­taires : tout groupe non-​musulman doit dis­pa­raître (Coran 9.14 ; 47.4 ; 61.4 ; etc.) ou payer la jyzaia pour rache­ter son droit de sur­vivre (Coran 9.29). Vous ne pou­vez igno­rer cela, mais com­ment pouvez-​vous, en le cachant alors aux yeux du monde, favo­ri­ser l’expansion de l’islam auprès des inno­cents ou naïfs ain­si abu­sés ? Peut-​être regardez-​vous les com­pli­ments qui vous ont été adres­sés comme un gage de fécon­di­té de votre atti­tude ? Vous igno­re­riez alors le prin­cipe de la takyia, com­man­dant d’embrasser la main que le musul­man ne peut cou­per (Coran 3.28 ; 16.106). Mais que valent au fond de tels échanges de poli­tesse ? Saint Paul ne disait-​il pas : « Si je cher­chais à plaire aux hommes, je ne serai plus le ser­vi­teur du Christ. » (Ga 1.10) ? Jésus a annon­cé comme mau­dits ceux qui sont l’objet de la louange de tous (Lc 6.26). Mais si même vos enne­mis natu­rels vous louent, qui ne vous loue­ra pas ? La mis­sion de l’Église est-​elle d’enseigner les bonnes manières de vivre en socié­té ? Saint Jean-​Baptiste serait-​il mort s’il s’était conten­té de sou­hai­ter une belle fête à Hérode ? Peut-​être dira-​t-​on qu’il n’y a pas de com­pa­rai­son pos­sible avec Hérode, parce qu’Hérode vivait dans le péché et que c’était du devoir d’un pro­phète de dénon­cer le péché ? Mais si tout chré­tien est deve­nu pro­phète le jour de son bap­tême, et si le péché est de ne pas croire en Jésus, Fils de Dieu Sauveur (Jn 16.9), ce dont se fait pré­ci­sé­ment gloire l’Islam, com­ment un chré­tien pourrait-​il ne pas dénon­cer le péché qu’est l’islam et appe­ler à la conver­sion « à temps et à contre­temps » (2 Tm 4.2) ? Puisque la rai­son d’être de l’Islam est de rem­pla­cer le chris­tia­nisme qui aurait per­ver­ti la révé­la­tion du pur mono­théisme par la foi en la Sainte Trinité, en sorte que Jésus ne serait pas Dieu, qu’Il ne serait ni mort, ni res­sus­ci­té, qu’il n’y aurait pas de Rédemption, et que Son œuvre est ain­si réduite à néant, com­ment ne pas dénon­cer l’Islam comme l’Imposteur annon­cé (Mt 24.4,11,24) et le pré­da­teur par excel­lence de l’Église ? Au lieu de chas­ser le loup, la diplo­ma­tie vati­cane donne l’impression de pré­fé­rer le nour­rir de ses flat­te­ries, et de ne pas voir qu’il n’attend que d’être suf­fi­sam­ment engrais­sé pour faire ce qu’il fait par­tout où il est deve­nu suf­fi­sam­ment fort et vigou­reux. Faut-​il rap­pe­ler le mar­tyre que vivent les chré­tiens en Égypte, au Pakistan et par­tout où l’Islam est au pou­voir ? Comment le Saint-​Siège pourra-​t-​il por­ter la res­pon­sa­bi­li­té de cau­tion­ner l’islam en le pré­sen­tant comme un agneau, alors qu’il est un loup qui se déguise en agneau ? A Akita, la Vierge Marie nous a pré­ve­nus : « Le Démon s’introduira dans l’Église car elle sera pleine de ceux qui acceptent les com­pro­mis. »…

Très saint Père, com­ment votre lettre peut-​elle affir­mer que : « notam­ment entre chré­tiens et musul­mans, ce que nous sommes appe­lés à res­pec­ter c’est la reli­gion de l’autre, ses ensei­gne­ments, ses sym­boles et ses valeurs. » ? Comment peut-​on res­pec­ter l’islam, qui blas­phème conti­nuel­le­ment la Sainte Trinité et Notre Seigneur Jésus-​Christ, accuse l’Église d’avoir fal­si­fié l’Evangile et cherche à la sup­plan­ter (Ap 12.4) ?Est-​ce que saint Irénée, qui a écrit « Contre les héré­sies », saint Jean Damascène, qui a écrit « Des héré­sies » où il relève « maintes absur­di­tés si risibles rap­por­tés dans le Coran », saint Thomas d’Aquin, avec sa « Somme contre les Gentils », et tous les Saints qui se sont employés à cri­ti­quer les fausses reli­gions, n’étaient donc pas chré­tiens pour que vous condam­niez aujourd’hui rétros­pec­ti­ve­ment leur action, comme aus­si celle des quelques rares apo­lo­gètes contem­po­rains ? Du champ de coopé­ra­tion de la rai­son et de la foi, si encou­ra­gée par Benoît XVI, devrait être exclu le fait reli­gieux ? Si l’on suit l’appel for­mu­lé par votre lettre, Saint-​Père, il faut alors deman­der avec l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI)((http://​ripos​te​laique​.com/​t​a​n​d​i​s​-​q​u​a​l​e​x​a​n​d​r​e​-​d​e​l​v​a​l​l​e​-​d​e​n​o​n​c​e​-​l​o​c​i​-​l​a​u​r​e​n​t​-​f​a​b​i​u​s​-​s​e​-​p​r​o​s​t​e​r​n​e​-​d​e​v​a​n​t​-​s​e​s​-​r​e​p​r​e​s​e​n​t​a​n​t​s​.​h​tml)) la condam­na­tion par­tout dans le monde de toute cri­tique de l’Islam, et ain­si coopé­rer avec l’OCI à répandre l’islam, qui enseigne, je le répète, que le chris­tia­nisme étant cor­rom­pu, l’islam vient le rem­pla­cer… Pourquoi vou­loir avec l’OCI muse­ler l’apologétique chrétienne ?

Aussi vrai que l’on ne sème pas dans des ronces (Mt 13.2–9) mais que l’on com­mence par les arra­cher avant que de pou­voir semer, il en est ain­si que l’on ne peut annon­cer la Bonne Nouvelle de son salut à une âme musul­mane tant elle est vac­ci­née, immu­ni­sée, dès sa prime enfance contre la Foi chré­tienne (Coran 5.72 ; 9.113 ; 98.6…), rem­plie de pré­ju­gés, de calom­nies et de toutes sortes de faus­se­tés au sujet du Christianisme. Il faut donc néces­sai­re­ment com­men­cer par cri­ti­quer l’Islam, « ses ensei­gne­ments, ses sym­boles et ses valeurs », pour détruire en elle les contre­vé­ri­tés qui la rendent enne­mie du chris­tia­nisme. Saint Paul ne demande pas d’utiliser seule­ment « les armes défen­sives de la jus­tice »mais aus­si « les armes offen­sives » (2 Co 6.7). Où sont ces der­nières dans la vie de l’Église d’aujourd’hui ?

Oh, certes, s’associer à la joie de braves gens igno­rants la Volonté de Dieu et leur sou­hai­ter un bon rama­dan ne semble pas être une mau­vaise chose en soi, tout comme le pen­sait saint Pierre de la légi­ti­ma­tion qu’il don­nait des usages juifs… sous la peur, déjà, des proto-​musulmans, qu’étaient les judéo-​nazaréens ! Mais saint Paul l’en a cor­ri­gé devant tout le monde en lui mon­trant qu’il y avait plus impor­tant à faire que de cher­cher à plaire à des faux-​frères (Ga 2.4,11–14 ; 2 Co 11.26 ; Coran 2.193 ; 60.4 ; etc.). Si saint Paul a rai­son, com­ment dire qu’il ne faut pas cri­ti­quer « la reli­gion de l’autre, ses ensei­gne­ments, ses sym­boles et ses valeurs » ?

En ne vou­lant pas cri­ti­quer l’Islam, votre lettre jus­ti­fie notam­ment les évêques qui vont poser la pre­mière pierre des mos­quées, ce qu’ils font eux-​aussi par cour­toi­sie, par sou­ci de plaire à tout le monde et favo­ri­ser la paix civile. Lorsque demain leurs fidèles seront deve­nus musul­mans, ceux-​ci pour­ront dire que c’est leur évêque qui, au lieu de les en gar­der, leur aura mon­tré le che­min de la mos­quée… Et ils pour­ront dire aus­si la même chose au sujet du Saint-​Siège, puisqu’il leur aura appris à ne pas pen­ser la véri­té au sujet de l’islam, mais à l’honorer comme étant bon et res­pec­table en soi…

Votre lettre jus­ti­fie vos vœux de bonne fête de rama­dan en affir­mant qu’« Il est clair que, quand nous mon­trons du res­pect pour la reli­gion de l’autre ou lorsque nous lui offrons nos vœux à l’occasion d’une fête reli­gieuse, nous cher­chons sim­ple­ment à par­ta­ger sa joie sans qu’il s’agisse pour autant de faire réfé­rence au conte­nu de ses convic­tions reli­gieuses. » Comment se réjouir d’une joie qui glo­ri­fie l’islam ? L’attitude que vous pré­co­ni­sez, Très Saint-​Père, s’accorde-t-elle avec le com­man­de­ment de Jésus : « Que votre lan­gage soit ‘Oui ? oui’, ‘Non ? non’ : ce qu’on dit de plus vient du mau­vais. » (Mt 5.37) ? Et même si l’on pour­rait croire ne pas pécher en sou­hai­tant un bon rama­dan en rai­son de la res­tric­tion men­tale niant le lien entre rama­dan et islam (une néga­tion qui montre bien que ce com­por­te­ment pose tout de même pro­blème), cela s’accorde-t-il avec la cha­ri­té pas­to­rale qui veut qu’un pas­teur se sou­cie de la façon dont son geste est com­pris par ses inter­lo­cu­teurs ? En effet, que peuvent pen­ser les musul­mans nous enten­dant leur sou­hai­ter un bon rama­dan, sinon que soit nous sommes des idiots, incom­pré­hen­si­ble­ment obtus, à coup sûr mau­dits par Allah, pour ne pas deve­nir nous-​mêmes musul­mans, puisque nous recon­nai­trions ce fai­sant que leur reli­gion est non seule­ment bonne (puisque capable de leur don­ner la joie que nous leur sou­hai­tons), mais cer­tai­ne­ment supé­rieure au chris­tia­nisme (puisque pos­té­rieure à celui-​ci), soit que nous sommes des hypo­crites n’osant pas leur dire en face ce que nous pen­sons de leur reli­gion, ce qui équi­vaut à recon­naître que nous avons peur d’eux et qu’ils sont donc déjà deve­nus nos maîtres ? Peuvent-​ils avoir une autre inter­pré­ta­tion s’ils rai­sonnent en musulmans ?

Nombre de musul­mans m’ont déjà fait part de leur joie que vous hono­riez leur reli­gion. Comment pourront-​ils jamais se conver­tir si l’Église les encou­rage à pra­ti­quer l’islam ? Comment le Saint-​Siège pense-​t-​il leur annon­cer la faus­se­té de l’islam et le devoir où ils sont de le quit­ter pour se sau­ver en rece­vant le saint bap­tême ? Ne favorise-​t-​il pas le rela­ti­visme reli­gieux pour lequel peu importe ce qui dif­fé­ren­cie les reli­gions, ce qui comp­te­rait étant seule­ment ce qu’il y a de bon en l’homme et qui le sau­ve­rait indé­pen­dam­ment de sa religion ?

Les pre­miers chré­tiens ont refu­sé de par­ti­ci­per aux céré­mo­nies civiles de l’Empire romain consis­tant à faire brû­ler un peu d’encens devant une sta­tue de l’Empereur, rite pour­tant appa­rem­ment tout à fait louable puisque cen­sé favo­ri­ser la coexis­tence et l’unité des popu­la­tions si diverses et des reli­gions si nom­breuses de l’immense Empire romain. Les pre­miers chré­tiens, pour qui la pré­di­ca­tion de l’unicité de la sei­gneu­rie de Jésus était plus impor­tante que toute réa­li­té de ce monde, fut-​ce celle de l’estime de leur conci­toyens, ont pré­fé­ré signer de leur sang l’originalité de leur mes­sage. Et si nous aimons notre pro­chain, quel qu’il soit, musul­man com­pris, en tant qu’il est un membre de l’espèce humaine comme nous, vou­lu et aimé de toute éter­ni­té par Dieu, rache­té par le Sang de l’Agneau sans tache, Jésus nous a ensei­gné à renier tout lien humain s’opposant à Son amour (Mt 12.46–50 ; 23.31 ; Lc 9.59–62 ; 14.26 ; Jn 10.34 ; 15.25). Au nom de quelle fra­ter­ni­té dès lors pourrait-​on appe­ler les musul­mans « nos frères » (Cf. votre allo­cu­tion du 29.03.2013) ? Y‑aurait-​il une fra­ter­ni­té qui trans­cen­de­rait toutes les appar­te­nances humaines, y com­pris celle de la com­mu­nion au Christ, reje­tée par l’islam, et qui fina­le­ment seule impor­te­rait ? La volon­té de Dieu, qui est que nous croyons au Christ (Jn 6.29), fait que « nous ne connais­sons plus per­sonne selon la chair » (2 Co 5.16).

Peut-​être la diplo­ma­tie vati­cane pense-​t-​elle qu’en tai­sant ce qu’est l’Islam elle va épar­gner la vie des mal­heu­reux chré­tiens en pays musul­mans ? Non, l’Islam conti­nue­ra à les per­sé­cu­ter (Jn 16.2), et ce d’autant plus qu’il ver­ra que rien ne s’oppose à lui, et parce que telle est sa rai­son d’être (Coran 9.30). Ces chré­tiens, comme tous les chré­tiens, n’attendent-ils pas plu­tôt que vous leur rap­pe­liez que tel est le lot ici-​bas de tout dis­ciple du Christ que d’être per­sé­cu­té à cause de Son Nom (Mt 16.24 ; Mc 13.13 ; Jn 15.20) et que c’est une grâce insigne dont il faut savoir se réjouir ? Jésus nous a com­man­dé de ne rien craindre des tour­ments de la per­sé­cu­tion (Lc 12.4), et aux Frères per­sé­cu­tés à cause de notre Foi de se réjouir de la Huitième Béatitude (Mt 5.11–12). Cette joie, n’est-elle pas le meilleur témoi­gnage à don­ner ? Quel meilleur ser­vice pourrions-​nous rendre aux fer­vents musul­mans ne crai­gnant pas de mou­rir tant ils sont sûrs d’aller jouir des Houris qu’Allah leur pro­met pour prix de leur crimes, que de leur mon­trer des chré­tiens heu­reux de don­ner leur vie, eux, par pur amour de Dieu et du salut de leur pro­chain ? Votre lettre évoque le témoi­gnage de saint François, mais elle ne dit pas que saint François envoya des Frères évan­gé­li­ser les musul­mans du Maroc, sachant qu’ils y seraient très pro­ba­ble­ment mar­ty­ri­sés, ce qui fut effec­ti­ve­ment le cas, et qu’il entre­prit d’évangéliser lui-​même le Sultan Al Malik Al Kamil.La cha­ri­té dénonce le men­songe et appelle à la conversion.

Très Saint Père, nous avons du mal à retrou­ver dans votre Message aux musul­mans l’écho de la cha­ri­té de Saint Paul com­man­dant : « Ne for­mez pas d’at­te­lage dis­pa­rate avec des infi­dèles. Quel rap­port en effet entre la jus­tice et l’im­pié­té ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ?Quelle entente entre le Christ et Béliar ? Quelle asso­cia­tion entre le fidèle et l’in­fi­dèle ?» (2 Co 6.14–15), ou celle du doux saint Jean de ne pas accueillir chez nous qui­conque rejette la Foi catho­lique, de ne pas même le saluer sous peine de par­ti­ci­per à « ses œuvres mau­vaises » (2 Jn 7–11)… En saluant les musul­mans à l’occasion du rama­dan, ne participe-​t-​on pas à leurs œuvres mau­vaises ? Qui haït aujourd’hui jusqu’à leur tunique (Jude 23) ? La doc­trine des Apôtres n’est-elle plus d’actualité ?

Oui, le concile Vatican II appelle les chré­tiens à oublier le pas­sé, mais cela ne peut vou­loir dire autre chose qu’oublier les éven­tuels res­sen­ti­ments dus aux vio­lences et injus­tices subies tout au long des siècles par les chré­tiens, et pour ce qui nous inté­resse, infli­gés par les musul­mans. Car autre­ment, oublier le pas­sé, ne serait-​ce pas se condam­ner à revivre les mêmes mal­heurs que jadis ? Sans mémoire, peut-​il même y avoir iden­ti­té ? Sans mémoire, pourrions-​nous avoir un avenir ? 

Très Saint Père, avez-​vous lu la Lettre ouverte de M. Christino Magdi Allam, ex-​musulman bap­ti­sé par Benoît XVI en 2006, par laquelle il annonce quit­ter l’Église en rai­son de la com­pro­mis­sion de celle-​ci avec l’islamisation de l’Occident ? Cette lettre est un ter­rible coup de ton­nerre dans le ciel bla­fard des lâche­tés et tié­deurs ecclé­siales, et devrait consti­tuer pour nous un for­mi­dable avertissement !

Très Saint Père, c’est parce que la diplo­ma­tie n’est pas cou­verte par le cha­risme de l’infaillibilité, et que votre Message aux musul­mans à l’occasion de la fin du Ramadan n’est pas un acte magis­té­riel, que je prends la liber­té de le cri­ti­quer res­pec­tueu­se­ment et ouver­te­ment (can 212 §3). Sans doute avez-​vous consi­dé­ré qu’avant de par­ler ‘théo­lo­gie’ avec les musul­mans, il conve­nait de dis­po­ser d’abord leurs cœurs par un ensei­gne­ment sur le devoir, pour­tant élé­men­taire, de res­pec­ter autrui. Je tenais à vous dire qu’il nous semble qu’un tel ensei­gne­ment devrait se faire en dehors de toute réfé­rence à l’islam, afin d’éviter toute ambigüi­té à son sujet. Pourquoi pas à l’oc­ca­sion du Premier de l’An, ou de Noël ? Ce n’est cer­tai­ne­ment pas sans rai­son que Benoît XVI avait dis­sous le Conseil Pontifical pour le Dialogue inter­re­li­gieux et en avait trans­fé­ré les pré­ro­ga­tives au Conseil Pontifical pour la Culture… Cela étant dit, je renou­velle l’engagement de ma fidé­li­té à la Chaire de saint Pierre, dans la foi en son infaillible magis­tère, ayant le désir de voir tous les catho­liques ébran­lés dans leur foi par votre Message aux musul­mans à l’occasion de la fin du Ramadan, faire de même.

Abbé Guy Pagès in site http://​www​.islam​-et​-verite​.com

[1] Note de la rédac­tion – Guy Pagès, né en 1958, est un prêtre catho­lique, blo­gueur et pod­cas­ter fran­çais. Ordonné prêtre en 1994, il est rat­ta­ché au dio­cèse de Paris. Lors de ses pre­mières années, il est mis­sion­naire en République isla­mique de Djibouti lui per­met­tant de se spé­cia­li­ser dans l’is­lam. De retour en France et man­quant de minis­tère, l’ab­bé Pagès est char­gé par ses supé­rieurs d’une mis­sion d’é­van­gé­li­sa­tion par inter­net. Il par­tage alors sur les pla­te­formes mul­ti­mé­dias YouTube, Dailymotion et GloriaTV, des chro­niques vidéos trai­tant de l’ac­tua­li­té, de l’is­lam, des grands thèmes de la doc­trine de l’Église ain­si que des caté­chèses. Il crée éga­le­ment le blog Islam & Vérité, blog catho­lique et très cri­tique envers l’islam.