Franciscains de l’Immaculée vers un compromis « pluraliste » : la scission


Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

L’affaire des Franciscains de l’Immaculée est désor­mais bien connue. Dès juillet 2012, en rai­son de plaintes de quelques membres de la Congrégation mécon­tents de la ligne impri­mée par le fon­da­teur, le P. Stefano Manelli, spé­cia­le­ment du point de vue litur­gique (les Franciscains de l’Immaculée étaient deve­nus bi-​formistes), un visi­teur apos­to­lique, Mgr Vito Todisco, fut nom­mé par la Congrégation pour les Instituts de vie consa­crée et les socié­tés de vie apos­to­lique, sous Benoît XVI. Mgr Vito Todisco a essen­tiel­le­ment adres­sé aux pro­fès solen­nels de la Congrégation un ques­tion­naire deman­dant de rendre compte de cer­tains aspects de la vie de l’institut (style de gou­ver­ne­ment du fon­da­teur, for­ma­tion des clercs, etc.) Puis il rédi­gea un rap­port qui abou­tit à un décret de la Congrégation pour les Instituts de vie consa­crée, daté du 11 juillet 2013, lequel met­tait sous tutelle les Frères Franciscains de l’Immaculée, des­ti­tuait leur supé­rieur, nom­mait un com­mis­saire pon­ti­fi­cal, le P. Fidenzio Volpi, OFMcap, et sus­pen­dait le droit de ses membres à la forme extra­or­di­naire du rite romain. Désormais, celui-​ci était condi­tion­né à l’accord du com­mis­saire apostolique.

Cette déci­sion – notam­ment à cause de son inci­dence litur­gique – a sou­le­vé une émo­tion consi­dé­rable, spé­cia­le­ment en Italie. C’est un vati­ca­niste de grande auto­ri­té, Sandro Magister, lequel n’a rien d’un tra­di­tio­na­liste, qui s’est alar­mé dans des articles suc­ces­sifs sur le gâchis que repré­sen­tait cette déci­sion tor­pillant une com­mu­nau­té jeune, flo­ris­sante, repré­sen­tant en Italie tout le béné­fice d’une pas­to­rale de reviviscence.

C’est alors qu’un cer­tain nombre de frères, conscients que la situa­tion était sans issue et que leur ins­ti­tut serait sou­mis à un esprit dif­fé­rent de celui auquel ils adhé­raient, réso­lurent de pré­sen­ter une sup­plique au Saint-​Père pour pré­co­ni­ser une sépa­ra­tion : un nou­vel ins­ti­tut, fidèle à l’esprit du fon­da­teur, deman­dant d’être pla­cé sous l’autorité de la com­mis­sion Ecclesia Dei ; et l’autre, qui adop­te­rait l’esprit vou­lu par la mino­ri­té, res­tant sou­mis à la Congrégation pour les Instituts de vie consa­crée. Il s’avère que cette sup­plique a été signée par 220 membres de la Congrégation sur 370 (non com­pris les exclaus­trés). Ce qui est consi­dé­rable dès lors que les signa­taires semblent avoir été sou­mis à de fortes pres­sions psy­cho­lo­giques, comme cela advient sou­vent dans toute situa­tion ana­logue au sein d’un milieu reli­gieux fermé.

Quelle autre solu­tion au reste qu’une scis­sion ? D’autant qu’il y a un pré­cé­dent célèbre qui a fort bien fonc­tion­né pour le plus grand bien de tous, et auquel tout le monde pense à Rome, celui des reli­gieuses car­mé­lites. La Congrégation pour les Instituts de vie consa­crée et les socié­tés de vie apos­to­lique avait approu­vé en 1990 les consti­tu­tions pré­sen­tées par un groupe de monas­tères de car­mé­lites déchaus­sées (une cen­taine de car­mels sur un peu moins de 800). Ces consti­tu­tions étaient très proches de celles de 1581 (texte du cha­pitre d’Alcalá, le der­nier approu­vé par sainte Thérèse), qui avaient régi l’ensemble des car­mé­lites jusqu’à Vatican II.

La Mère Maravillas de Jesús, prieure du couvent du Cerro de los Ángeles (Aldehuela à Madrid), une femme de forte per­son­na­li­té, avait en effet refu­sé d’accepter une trans­for­ma­tion consi­dé­rable de l’Ordre de sainte Thérèse. Autour de la Mère Maravillas se regrou­pèrent les reli­gieuses de même sen­si­bi­li­té (dites les mara­villo­sas, mer­veilleuses). Ces reli­gieuses créèrent une asso­cia­tion indé­pen­dante, l’association de Sainte-​Thérèse ou des « Carmels unis ».

On s’achemina alors vers un com­pro­mis rai­son­nable : les « Carmels unis » sont ain­si deve­nus l’ordre indé­pen­dant « de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-​Carmel ». Soustraits à la juri­dic­tion du pré­po­sé géné­ral des carmes déchaux, ils sont depuis sou­mis aux normes dites de « stricte observance ».

Ce type de com­pro­mis par mode de divi­sion qui, de droit ou de fait, s’est répan­du dans les mou­ve­ments, les congré­ga­tions, les œuvres, n’est-il pas un moindre mal ? Ne peut-​il pas d’ailleurs se réfé­rer à un plu­ra­lisme qui serait par­fai­te­ment dans « l’esprit du Concile ».

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