Par Michael J. Matt, éditeur de The Remnant – Merci de nous accorder de votre temps pour nous entretenir des négociations entre le Vatican et la FSSPX qui auront sans aucun doute des retentissements pour l’Église et en réalité pour le monde entier également, c’est du reste pourquoi elles représentent un intérêt majeur pour The Remnant.
Avant toute chose, je souhaiterais rappeler que j’ai été confirmé par Mgr Lefebvre et que je me souviens de lui avec le plus profond respect ; par ailleurs ce n’est un secret pour personne que The Remnant a également soutenu la Fraternité Saint Pierre, l’Institut du Christ-Roi ainsi que les autres communautés Ecclesia Dei, convaincu que selon les plans de la Providence divine il y avait besoin de deux fronts pour conserver la Tradition Catholique. Nous ne nous sommes pas trompés, pourtant s’il n’y avait pas eu Mgr [NDLR de LPL : Mgr Lefebvre] et la Fraternité Saint Pie X, le mouvement Catholique traditionnel serait probablement toujours dans des chapelles en sous-sol et dans des salles de conférences d’hôtel telles que je me les rappelle de quand j’étais enfant. Aussi, même ceux d’entre nous qui ne sont pas des adhérents formels à la FSSPX reconnaissent certainement le rôle central que la FSSPX a joué, tant dans la contre-révolution que dans la restauration Catholique véritable. Je vous suis donc reconnaissant de m’accorder cette opportunité de vous demander quelques éclaircissements, qui, je l’espère, sauront dissiper certaines rumeurs et soulager chez certains Catholiques les préoccupations dont ils nous ont fait part au cours de ces dernières semaines concernant les différents aspects de ce sujet.
Tout d’abord, pouvez-vous faire une mise à jour pour nos lecteurs sur le point actuel des négociations entre la FSSPX et le Vatican ?
Nous sommes aujourd’hui dans une phase d’attente. Au cours de ces deux dernières années, des discussions doctrinales ont eu lieu entre les experts de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et ceux de la FSSPX. Et même si les discussions sont restées confidentielles, ce n’est pas un secret que les deux positions ne sont pas parvenues à se réconcilier.
Il reste toujours un désaccord sur les questions doctrinales ; cependant, il est évident que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi n’a trouvé chez nous aucune position qui soit non-catholique. Malgré ce désaccord, il s’avère que le Saint Père souhaite accorder un statut canonique à la FSSPX. Il y a quelques semaines, Son Excellence Mgr Fellay a envoyé une déclaration doctrinale à Rome. Nous attendons maintenant la réponse de Rome.
Qu’est-ce que cela signifierait si la FSSPX recevait une prélature personnelle ?
La FSSPX a été érigée en 1970. Ses statuts ont été approuvés par l’évêque local, et même acclamés par le Cardinal Wright en 1971. Puis sont intervenues les deux condamnations de 1976 et 1988. À cause de désaccords canoniques et pour des raisons doctrinales nous avons toujours soutenu que la suppression de la FSSPX n’était pas valide et que la FSSPX est toujours une branche de l’Église catholique. À cet égard, une prélature personnelle ne représentera pas pour nous une naissance, comme une nouvelle famille dans l’Église, mais nous donnera plus de visibilité. Autrement dit, cela ne changera pas beaucoup le fond des choses, mais en apparence, si.
Une prélature personnelle est une institution dirigée par un prélat. Une prélature est comme un diocèse, sauf qu’elle n’a pas de frontières territoriales. La juridiction du Supérieur concerne les personnes, le clergé, les religieux et les laïcs, où qu’ils soient. Il semble donc qu’il existe une possibilité pour la FSSPX, qui nous permettrait de rester tels que nous sommes tout en continuant à grandir.
Dans ce cas, est-ce que les maisons religieuses qui sont actuellement affiliées à la FSSPX – telles que les Bénédictins, les Dominicains, etc.–seraient elles aussi inclues sous cette prélature personnelle ?
Je ne souhaite pas entrer dans les détails de la prélature, dans la mesure où nous de disposons pas encore de tous les faits. Nombreux sont ceux qui font toutes sortes des commentaires sur la question, mais la réalité c’est que l’on ne dispose pas encore de tous les détails concernant cette éventualité. ne sont pas encore sortis. Nous allons devoir faire pratiquer la vertu de patience et attendre.
Cependant, sur ce point spécifique dont vous parlez, il ne devrait pas y avoir de difficultés pour les autres communautés religieuses affiliées à la FSSPX. Je sais que cette question est une des préoccupations de Mgr Fellay.
Dans la mesure où les conditions pour l’établissement de ce type de prélature personnelle n’ont pas encore été convenues, est-ce que l’on ne peut pas dire à juste titre que les négociations sont encore en cours, et même que l’affaire n’est pas encore terminée ?
L’histoire de la FSSPX est là pour nous rappeler que nous devons être prudents et patients. Tout le monde se rappelle ce qui s’est passé en 1987–1988, avec la visite du Cardinal Gagnon. À titre d’anecdote, je vous dirai que j’ai fait mes premiers vœux dans la FSSPX le 8 décembre 1987, par les mains de Mgr Lefebvre, avec le Cardinal Gagnon qui assistait à la cérémonie du haut de son trône. Et puis il y a eu la déclaration doctrinale du protocole du 5 mai 1988, et c’était une affaire réglée ! Or Mgr Marcel Lefebvre a rétracté sa signature le lendemain parce que Rome ne donnait pas de date précise pour les consécrations épiscopales.
En principe Mgr Lefebvre n’a pas été opposé à un accord pratique, mais il fallait qu’il soit « pratique ». Aujourd’hui comme en 1988, nous avons besoin de quelques conditions pratiques réelles qui rendront possible le travail de Tradition.
Dans ce cas, que penser des grandes attentes d’un accord qui devrait être annoncé dès la Pentecôte prochaine ?
Ne passons pas trop hâtivement aux conclusions. Il y a des raisons de penser que le Saint père veut régler la question bientôt. Néanmoins, seuls les faits répondront à cette question : attendons de voir.
On trouve notamment sur Internet le bruit que « des sources autorisées » indiquent que ce « marché » entre la FSSPX et le Vatican a en réalité était passé il y a plusieurs mois, et que l’équipe de Mgr Fellay n’a fait que travailler pour préparer les membres de la FSSPX à cette annonce, pourtant devenue inévitable. Pourriez-vous commenter ce bruit qui court ?
C’est là pure imagination et je peux vous assurer que ce n’est pas vrai.
Mgr Fellay a‑t-il quelque idée de la pensée du Saint-Père lui-même sur tout cela ? A‑t-il eu un contact direct avec le Pape Benoît XVI, ou bien tout est-il relayé par le Cardinal Levada ?
La voie normale de communication avec Rome passe par les différentes Congrégations. À ma connaissance, la plupart des communications officielles sont faites par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, mais ce n’est pas le seul contact que la FSSPX possède avec Rome.
Dès son élection, le Pape Benoît XVI n’a pas caché la grande priorité que représente pour Lui de guérir « le schisme » de la FSSPX. Ce qui semble rester incertain, cependant, ce sont ses motifs. Est-il possible de distinguer une différence entre les désirs véritables du Saint Père de guérir ce désaccord pour des raisons politiques et une véritable reconnaissance papale (même si elle est limitée) de la légitimité des objections doctrinales présentées par la FSSPX ?
Il est difficile de connaître la raison pour laquelle le Pape veut résoudre cette situation. D’une part, il semble qu’il y ait un désir de sa part d’éviter un soi-disant « schisme ». D’autre part, il est conscient de la situation dramatique de l’Église, que les lecteurs de vos publications ne connaissent que trop : hérésies ouvertes professées par des ecclésiastiques, touchant parfois la divinité de notre Seigneur Lui-même, sans parler d’une rébellion ouverte, de la perte de la Foi et des problèmes de discipline, aussi bien en Autriche, qu’en Amérique, ou en Irlande … Le Saint-Père, je pense, voit que la FSSPX pourrait apporter une certaine d’aide pour combattre ces problèmes réels et bien trop répandus.
De plus, il y a un mystère qui je pense est lié au Mystère de l’Église : un mystère à la fois humain, ‑qui est fait d’hommes avec leurs faiblesses et leurs péchés‑, mais divin aussi, ‑à savoir que c’est Notre Seigneur Jésus Christ qui dirige toujours tout et travaille activement à travers et avec les hommes.
Bien sûr il y a aussi des raisons humaines à ce qui se déroule actuellement dans l’Église, et il est important d’essayer de comprendre ce que les raisons « politiques » représentent dans chaque manifestation. Pourtant, une approche surnaturelle se révèle être infiniment plus éclairante que toute autre.
Au vu de la crise de Foi au sein de l’Église dans le monde entier, est-il possible que le Saint Père reconnaisse le bénéfice potentiel que représente pour Lui plus les 500 prêtres traditionalistes de la FSSPX pour L’aider à reprendre en mains l’apostasie post-conciliaire ?
Vous donnez là un bon exemple du mystère auquel nous nous trouvons confrontés.
Pourriez-vous nous dire quelque chose concernant les lettres échangées entre les quatre évêques de la FSSPX et qui ont été récemment diffusées par la presse ?
Comme je l’ai dit dans ma dernière lettre : » Je veux avant tout dénoncer le caractère immoral, ainsi que la nature révolutionnaire que représente ce fait de publier ces documents privés. Puisque c’est une matière grave que de lire des lettres privées, comme nous l’enseigne la Théologie morale, il est encore plus grave de publier ou de les diffuser sans l’autorisation de leurs auteurs. En outre, il est subversif de publier des discussions privées entre des supérieurs parce que cela fait peser sur eux une pression démesurée. Or un supérieur doit pouvoir prendre une décision en vue de l’intérêt commun et non pas à cause de pressions extérieures exercées sur lui (…)
Il est essentiel de se souvenir que les lettres de ce type sont des moyens normaux entre les membres de la FSSPX de communication sur une question très grave. Il est donc normal, et bon aussi, que les évêques, voire même les prêtres de la FSSPX aient la possibilité d’exprimer leurs opinions personnelles d’une manière respectueuse et dans un esprit de charité. Encore une fois, c’est bien leur publication sans le consentement des deux parties qui est inacceptable. »
Certains en concluent hâtivement qu’il y a déjà « une fêlure » au sein de la FSSPX. Mais quand bien même une fêlure est toujours envisageable, nous devons tout mettre en œuvre pour l’éviter. Cet échange d’avis est l’un des moyens de tirer au clair la situation et d’aider chacun dans ces temps difficiles. Certains utilisent ces lettres pour exacerber la situation ; ce n’est pas ma façon de faire. Moi, au contraire, j’essaie de communiquer avec beaucoup de supérieurs et prêtres de la FSSPX et je m’efforce de résoudre les malentendus possibles.
À votre avis, si les conditions pour une prélature personnelle sont approuvées par Mgr Fellay, pourrait-il agir même en l’absence d’un consensus entre les quatre évêques ?
Je pense qu’il est important ici de souligner deux ou trois points. Tout d’abord, comme je viens de l’expliquer, ces lettres sont une voie normale et saine pour les membres de la FSSPX pour exprimer leurs avis au Supérieur Général. Elles ne donnent pas d’indication concernant un éventuel « schisme » au sein de la FSSPX. En réalité, le fait qu’elles aient été adressées à Mgr Fellay montre que les trois autres évêques reconnaissent que la direction suprême de la FSSPX revient au Supérieur Général. Le deuxième point à considérer est qu’il resssort des principes de Mgr Lefebvre que c’est le devoir du seul Supérieur Général de prendre des décisions de cette importance.
Suite à la discorde qui a été révélée par ces lettres, de nombreux Catholiques préoccupés prient Mgr Fellay de ne pas agir sans l’appui de la majorité des évêques de la FSSPX. Ils prétendent, tout comme moi, que bien que la position canonique de la FSSPX doive finalement être régularisée, ceci a bien moins d’importance en ce moment critique que le maintien de l’unité au sein de la plus fort voix d’opposition loyale qui existe dans l’Église à ce jour – à savoir la FSSPX. Le Vatican pourrait-il ne pas reconnaître la prudent exigence de reporter l’accord, ce qui laisserait plus de temps à Mgr Fellay et à ses confrères évêques pour conjurer une fracture massive au sein de la FSSPX ?
Encore une fois, je pense que l’on assiste à une présomption, amplifiée par les rumeurs sur Internet, qu’une fracture s’est déjà mise en place au sein de la FSSPX, une fracture qui va la déchirer en morceaux, au lieu de conclure un accord pratique avec Rome. Seul le temps nous indiquera s’il y a une fracture et quelle est son ampleur, mais je crois quelle n’est pas aussi grave qu’on a voulu le faire croire. Quoiqu’il en soit, je suis reconnaissant de l’unité admirable dont font preuve les membres de la FSSPX dans le District des États-Unis.
Quant à la question de l’empressement du Vatican de reporter des choses, c’est là évidemment une question qui concerne le Saint-Siège. Pour nous, le chemin tracé par notre vénérable fondateur est clair : Il a toujours exprimé le désir de nous soumettre au Pape, ce qui nous accorderait la protection permettant la croissance de la Tradition, l’existence de la FSSPX et nous garantirait que l’on ne nous demandera ni de faiblir dans notre combat, ni d’accepter un compromis sur la Foi. Comme il l’a dit en 1987 : « Si Rome veut vraiment nous donner une vraie autonomie, comme celle que nous connaissons aujourd’hui, mais en y ajoutant notre soumission- nous aimerions être sousmis au Saint-Père, et c’est que nous avons toujours souhaité.… si Rome accepte de nous laisser faire l’expérience de la Tradition, il n’y aura plus aucun problème. » (Fideliter no. 60, Nov./Dec. 1987)
D’après les termes d’un accord on garantira à la FSSPX le droit de continuer sa critique de longue date et constructive du Concile Vatican II et de la Nouvelle Messe. Mais est-ce que ce ne sont pas là des choses que nous avons déjà entendues ? N’est-il pas vrai que dans tous les cas où cette permission a été accordée à d’autres fraternités traditionalistes, l’essentiel n’a pas été respecté, et que beaucoup de bons prêtres ont même été incités à concélébrer la Nouvelle Messe, à approuver des événements controversés comme les Journées Mondiales de la Jeunesse, et à abandonner toute résistance significative à l’égard de la révolution déclenchée par le Concile Vatican II ?
Un certain nombre de choses font qu’aujourd’hui les circonstances ont changé par rapport aux fois précédentes. Ainsi, Mgr Fellay a insisté sur les discussions doctrinales avec Rome et a demandé comme conditions préalables à ces discussion deux signes de bonne volonté : tout d’abord, la libéralisation de la Messe traditionnelle ; et deuxièmement, la levée des prétendues excommunications. Ces deux conditions ont été accomplies.
Qui plus est, nous ne devons pas ignorer les différences qui existent en entre les communautés Ecclesia Dei et nous : elles n’ont ni autonomie, ni évêques.
De plus, concernant Vatican II, d’autres auteurs qui sont extérieurs à la FSSPX, comme Mgr. Gherardini, peuvent désormais eux aussi critiquer ouvertement le Concile. Bien sûr, nous ne prétendons pas qu’il n’y aurait aucune pression en cas de régularisation, mais nous devons garder bien présent à l’esprit que cette pression ne provient que de certaines sources, pas de toutes.
Le Vatican semble inflexible sur le fait que la FSSPX, pour paraphraser l’Abbé de Nantes dans ses dernières années, doive « avaler le Concile pour être régularisée ». Est-ce juste ? Et si oui, n’est-il pas possible, du moins théoriquement, que certains au sein du Vatican cherchent à neutraliser l’opposition la plus significative à ce que le Concile a laissé dans le monde d’aujourd’hui : d’abord par l’excommunication, puis par la régularisation ?
Jamais autant qu’aujourd’hui la position de la FSSPX n’a été aussi clairement exposée et documentée à Rome, grâce aux discussions de ces dernières années. Comme je l’ai déjà dit, ces discussions ont déjà aidé d’autres, qui sont à l’extérieur de la Fraternité, à apporter le même sens critique.
Dans ces circonstances particulières et sans précédent, est-il donc irréaliste de penser que la reconnaissance de la FSSPX amplifiera le mouvement déjà amorcé ?
Notre espoir est que ce mouvement s’étende et que la solution de la Tradition soit reconnue et appliquée. Soulignons bien ici que la préoccupation de la FSSPX n’est pas son propre bien, mais le bien de l’Église toute entière.
De plus, il est important de comprendre que les autorités Catholiques dans le monde entier n’ont jamais été aussi divisées qu’aujourd’hui. Alors certains ne manqueront pas de neutraliser cette opposition car il est bien évident que tous ne voient pas d’un bon œil que la FSSPX soit reconnue. Mais çà et là, certains pourraient aussi être enclins à essayer le chemin de la Tradition si le Pape la tolère.
Certains soulignent que la Fraternité Saint Pierre, par exemple, attend toujours d’avoir son propre évêque ; ou que l’on n’a pas encore permis aux Rédemptoristes Transalpins d’ouvrir leurs séminaires, parce que cette autorisation, de manière inexplicable, leur a été refusée ; l’évêque Rifan de Campos, au Brésil, a été très critique à l’égard de la résistance traditionaliste à Vatican II et il a lui-même concélébré un Novus Ordo des Messes très en vogue ; et bien que la Société du Bon Pasteur ait été elle aussi assurée qu’elle serait autorisée à émettre des objections au Concile Vatican II, il semble bien que les choses dans ce sens, jusqu’à ce jour, ne se sont pas encore matérialisées. Ceci non pas bien sûr pour critiquer les bons et saints prêtres, dont beaucoup sont des amis personnels et tous sont au service loyal de Notre Seigneur et de Son Église. Mais n’est-il pas étrange que le Vatican offre à un soutien si minimal aux ordres traditionalistes et aux fraternités qui ont été régularisées jusqu’à présent ?
Quand Mgr Lefebvre a demandé au moins un évêque dans ses discussions avec Rome en 1988, il savait que cela représenterait un point crucial pour la survie de la Tradition. Les prêtres et les fidèles ont besoin d’un évêque, pas seulement pour les ordinations, mais pour les confirmer dans la Foi. Cela fait partie de leur consécration. L’une des principales difficultés rencontrées par les communautés Ecclesia Dei consiste dans le fait que la plupart d’entre elles n’ont aucun pouvoir épiscopal véritable. Une autre difficulté consiste dans le manque de protection de la part de l’évêque local ou des Conférences Épiscopales.
Concernant Campos, je ferai trois remarques. Tout d’abord, nous avons pu apporter préalablement nos objections doctrinales aux autorités, avant même d’envisager une quelconque forme d’accord canonique possible. Deuxièmement, nous ne sommes pas limités par une situation relativement étriquée telle que celle dans laquelle se trouve l’Administration Apostoliques elle-même. Troisièmement, nous devons admettre qu’une structure canonique ne nous protège pas en soi contre nos propres faiblesses personnelles.
Nous devons nous attendre à un combat même avec une nouvelle structure canonique. La ligne donnée à nous par notre fondateur, commencé pendant le i
Nous devons nous attendre à combattre, même avec une structure canonique nouvelle. La ligne que nous nous a donnée notre Fondateur, qui a débuté pendant le Concile Vatican II, a toujours été caractéristique de la FSSPX. Depuis 1970, malgré les condamnations des années ’70 et ’80, et durant ces 18 dernières années de la direction de Mgr Fellay en tant que Supérieur Général, la FSSPX a conservé cette fidélité. Par la Grâce de Dieu, nous devons et nous continuerons à tenir bon.
Mgr Lefebvre a justifié sa décision de consacrer des évêques contre la volonté du Saint-Père en 1988 en citant une disposition du Code de Droit Canon sur les mesures extraordinaires pendant « un état d’urgence » dans l’Église. Si le rapprochement entre la FSSPX et le Vatican était maintenant possible, cela signifierait-il que l’Archevêque était trop zélé en 1988, ou que “l’état d’urgence” a simplement cessé d’exister ?
Non, l’état de nécessité dans l’Église ne dépend de la FSSPX, qu’elle soit régularisée ou non. Ce ne peut être qu’une situation objective de l’Église. Aujourd’hui, cet état de nécessité existe toujours, car malheureusement trop souvent les prêtres et les fidèles ne peuvent pas recevoir d’une façon normale le vrai enseignement de la Foi Catholique, ni recevoir les sacrements d’une façon sûre. Vous avez des prêtres et même les évêques qui professent des hérésies ouvertes, ou qui acceptent et qui célèbrent des cérémonies scandaleuses …
L’état de nécessité ne cessera que lorsqu’il y aura des raisons objectives de confier nos âmes au clergé et à la hiérarchie de l’Église sans besoin d’une protection prudente.
Et pourtant même avec Summorum Pontificum, aussi monumental qu’il ait été, le Pape Benoît XVI cherchait toujours à égaliser les « deux formes » du Rite romain. Lui-même n’a en réalité jamais offert la Messe de Pie V, tout en continuant à planifier une mise en œuvre papale complète des décrets de Vatican II. Tout en se préparant à canoniser le Bienheureux Jean-Paul II, il continue aussi l’héritage des Rassemblements de prière d’Assise – l’événement même qui a finalement incité Monseigneur Fellay à agir comme il a fait. Même si nous aimons le Saint-Père et prions pour Lui, même si nous Lui restons reconnaissants pour toujours pour Summorum Pontificum, y a‑t-il assez de preuves d’un changement sismique intervenu dans la maison papale pour pourvoir avancer que la situation dans l’Église a aujourd’hui radicalement changé par rapport à celle de 1988 ?
En 2000, lors des premières rencontres entre le Cardinal Castrillon Hoyos et les évêques de la FSSPX, beaucoup ont considéré les conditions exprimées alors par Mgr Fellay comme peu raisonnables. Comment pouvions-nous attendre que le Pape libéralise la Messe Tridentine ? Comment pouvions-nous exiger que les prétendues excommunications soient levées ? Comment serait-il possible d’engager des discussions doctrinales ? Pour beaucoup, c’était impensable. Certains ont même vu le signe évident que la FSSPX était vraiment schismatique en ce que Mgr Fellay exigeait des conditions impossibles, signe de son obstination. Ces conditions ont été demandées comme des signes de bonne volonté, comme des signes que nous pourrions reconstruire une certaine confiance dans la volonté de Rome de ne pas détruire la Tradition, une crainte du reste naturelle aujourd’hui encore. Encore une fois, ces conditions à l’époque étaient considérées comme impossibles.
Douze ans plus tard, nous voyons que l’on a exaucé ces demandes jusqu’à un certain degré. Devrions-nous ajouter d’autres conditions ? Devrions-nous attendre jusqu’à ce qu’il n’y ait désormais plus aucune contradiction ? Certains sont de cet avis. Mgr Fellay, dans un jugement prudent, reconnaît les signes donnés par Rome.
Il y a quelques autres signes de changements à Rome. Nous avons vu ces dernières années plus de critiques à l’égard du Concile Vatican II émanant d’autres sources que de la FSSPX. Il y a quelques efforts entrepris pour corriger certaines erreurs. Je pense, par exemple, à la traduction de « pro multis » par « pour beaucoup » et non pas « pour tous. » Vous pourriez dire que c’est peu comparé aux actions œcuméniques du Pape, à la béatification de Jean-Paul II, à Assise III, etc. Ce n’est pas tellement, mais c’est quelque chose. Alors, la situation dans l’Église a‑t-elle radicalement changé ? Non, mais quelques changements sont intervenus.
Pour finir, je crois que les principaux signes que nous attendons tous sont les conditions de la prélature personnelle elle-même. Sera-t-elle une structure qui nous protègera suffisamment ? Voilà le signe qui va faire qu’il sera possible de franchir le pas ou non.
Que pensez-vous de cette image laissant à penser que sans « l’ancre » de la FSSPX , appelons-la ainsi, suspendue sur la coque de la Barque de Pierre, l’Église continuera de dériver toujours plus loin vers les rochers, qui suggère un certain niveau d’urgence pour la FSSPX de rester précisément là où elle est, jusqu’à ce que la tempête soit passée ?
Je ne vois pas la FSSPX comme une ancre. Nous sommes non seulement attachés à la Barque par une chaîne ; nous sommes dans la Barque et nous ne voulons pas en être rejetés… Quoi qu’il en soit, si nous voulons conserver cette analogie de l’ancre, pourquoi « l’ancre » ne fonctionnerait-elle plus dans une nouvelle structure ?
Je ne crois pas que nous pouvons considérer l’Église d’une manière politique, elle est la Barque de Pierre, et c’est Notre Seigneur qui la gouverne.
Je pense que tous les Catholiques traditionnels sincères attendent le jour où l’unité sera rétablie dans l’Église et où la FSSPX pourra enfin se débarrasser du stigmate injuste du » schisme « . Indépendamment de ce qui arrivera dans les jours et les mois à venir entre Rome et la FSSPX, que pouvons-nous, nous autres laïcs, faire de notre côté pour aider à promouvoir l’unité dans tous les différents camps de la Tradition dans un monde qui est en guerre avec le Christ et Son Église ?
Prier. Priez beaucoup. Le travail que chaque Catholique peut faire est de prier pour le Pape, pour l’Église, pour Son Excellence Mgr Fellay et pour la Fraternité Saint Pie X. Il n’y a rien de plus urgent à faire. Jamais comme maintenant, il n’y a eu autant de prières, spécialement sous la forme des Croisades du Rosaire, c’est très encourageant. Comment Dieu pourrait-il nous abandonner ?
Ne vous laissez pas déranger par les rumeurs, surtout par tous ces différents commérages qui circulent sur Internet, qui ne sont basés que sur des sentiments, mais sûrement pas sur des faits. Si vous voulez avoir des informations vous pouvez vous inscrire aux mises à jour du site Web de la Fraternité Saint Pie X, où vous serez les premiers à être informés de toutes les nouvelles.
Confions nos prières à la Sainte Vierge, suivons les desseins de la Providence et prions la protection continuelle de Seigneur.
Merci, Père. Que Dieu soit avec vous et tous vos frères prêtres pendant ce moment critique dans l’histoire de l’Église du Christ.