Extraits du Concile Œcuménique Vatican II, un débat à ouvrir par Mgr Brunero Gherardini – DICI – Nov. 2009

DICI pré­sente à ses lec­teurs en avant-​première de larges extraits du livre de Mgr Brunero Gherardini dont la tra­duc­tion fran­çaise paraî­tra ce mois-​ci sous le titre Le Concile Œcuménique Vatican II : un débat à ouvrir. L’ouvrage, paru en Italie avant l’été, en est à sa 3e édition.Ce titre est à l’origine du thème du IXe Congrès théo­lo­gique de la revue Le Courrier de Rome qui se tien­dra les 8, 9 et 10 jan­vier 2010. Mgr Gherardini ne se situe pas dans le mou­ve­ment de défense de la Tradition lan­cé par Mgr Lefebvre, et il n’hésite pas dans cet ouvrage à prendre cer­taines dis­tances – sur le fond et sur la forme – avec les tra­vaux des dif­fé­rents congrès théo­lo­giques du Courrier de Rome. C’est donc en toute indé­pen­dance qu’il livre son ana­lyse du Concile Vatican II.

Sur la notion de « Tradition vivante »

Extraits du cha­pitre V « La Tradition dans le Concile Vatican II »

Pour éclair­cir ce point, le théo­lo­gien dis­po­sait jusqu’à Vatican II d’une éla­bo­ra­tion assez pré­cise du concept de Tradition et en tirait un argu­ment pour mesu­rer de façon appro­priée son jugement.

J’ai déjà fait allu­sion à cette éla­bo­ra­tion dans la pre­mière par­tie du pré­sent cha­pitre, en consi­dé­rant la Tradition sous divers points de vue, la qua­li­fiant, en fonc­tion de cha­cun, d’apos­to­lique, divino-​apostolique, humano-​apostolique, humano-​ecclésiastique, inhé­sive, décla­ra­tive, constitutive.

Or Vatican II, qui fait une excep­tion pour la Tradition apos­to­lique, mais sans jamais la pré­sen­ter dans le sens désor­mais consi­dé­ré comme « tra­di­tion­nel » de cette qua­li­fi­ca­tion, ignore sys­té­ma­ti­que­ment toutes les autres. On trouve en revanche chez lui une qua­li­fi­ca­tion dif­fé­rente, dont je par­le­rai plus loin, et qui est la Tradition vivante.

Vivante, néan­moins, ne rem­place ni toute autre qua­li­fi­ca­tion, ni non plus l’ensemble de ces qua­li­fi­ca­tions. Tout au plus elle s’ajoute à elles, les pre­nant ou non en considération.

Nous nous trou­vons donc face à une manière de s’exprimer qui, en vou­lant sim­pli­fier le mes­sage, finit par le com­pli­quer en rai­son de son lan­gage trop géné­rique, son emploi amphi­bo­lo­gique, son manque de spé­ci­fi­ci­té. Et je ne parle pas du fait que vivante pour­rait ouvrir les portes à toutes sortes d’innovations qu’on ferait naître et ger­mer de la vieille plante.

(…)

Une der­nière obser­va­tion sur la Tradition, nom­mée vivante, de l’Église. C’est une expres­sion appa­rem­ment irré­pro­chable, mais en réa­li­té ambi­guë. Elle est irré­pro­chable, parce que l’Église est une réa­li­té vivante et la Tradition est sa vie même. Elle est ambi­guë, parce qu’elle se prête à intro­duire dans l’Église toute nou­veau­té, même la plus contre-​indiquée, comme expres­sion de sa vie.

Dei Verbum parle d’Évangile vivant, de Magistère vivant et de Tradition vivante. Déjà ce large éven­tail ne plaide pas pour l’univocité du concept.

Au numé­ro 7, par exemple, elle affirme que « pour que l’Evangile fût gar­dé à jamais intact et vivant [l’italique est de moi] dans l’Église, les Apôtres ont lais­sé comme suc­ces­seurs les évêques ».

Au numé­ro 8, on lit que « l’Esprit-Saint, par qui la voix vivante [l’italique est de moi] de l’Évangile reten­tit dans l’Église et par l’Église dans le monde, intro­duit les croyants dans tout ce qui est vérité ».

On trouve ensuite au numé­ro 10 cette décla­ra­tion : « La charge d’interpréter authen­ti­que­ment la parole de Dieu écrite ou trans­mise a été confiée au seul Magistère vivant [l’italique est de moi] de l’Église ».

Peu après, au numé­ro 12, on recom­mande comme un devoir de « ne pas don­ner une moindre atten­tion au conte­nu et à l’unité de l’Écriture tout entière », « compte tenu de la Tradition vivante [l’italique est de moi] de l’Église tout entière ».

De l’ensemble de ces décla­ra­tions, on per­çoit confu­sé­ment une cer­taine ana­lo­gie dans l’emploi de l’adjectif « vivant », mais cer­tai­ne­ment pas sa vraie signi­fi­ca­tion ni le pour­quoi de son emploi.

Ce qui garan­tit la vita­li­té de l’Évangile – on le sait bien – c’est l’Évangile : en lui reten­tit la Parole du Dieu vivant, qui est la Personne même de Dieu qui parle, et donc l’expression de sa vie même. Qu’il y ait aus­si un Magistère vivant est une don­née de notre foi, dans le sens où tout titu­laire de ce Magistère conti­nue, grâce à la suc­ces­sion apos­to­lique, la trans­mis­sion inin­ter­rom­pue de l’enseignement du Christ et de ses Apôtres.

En fait, la suc­ces­sion étend au temps de l’Église l’enseignement du Christ et des Apôtres en en fai­sant un élé­ment vivant et vital de l’existence même de l’Église. En revanche, le concept de « Tradition vivante » est plus nébuleux.

Le texte conci­liaire n’oblige pas à s’en tenir seule­ment à elle, mais aus­si à l’ana­lo­gie de la foi, c’est-à-dire au lien qui relie ensemble, dans une inter­dé­pen­dance réci­proque, cha­cune des véri­tés révé­lées et en fait une uni­té inséparable.

Le but de la double obli­ga­tion tend à dépas­ser les limites de la parole écrite, cette parole pro­ve­nant de la Parole vivante qui consti­tue le début de la Tradition ecclésiastique.

Mais pour­quoi vivante ? Le Concile ne le dit pas, ou du moins pas avec la clar­té requise. Probablement à cause de l’unité, du moins sub­stan­tielle (et donc la conti­nui­té), entre le pre­mier stade de la Tradition, qui est apos­to­lique, et les stades sui­vants, depuis celui qui est immé­dia­te­ment post-​apostolique jusqu’aux autres, qui concernent les grands moments his­to­riques de l’Église, et fina­le­ment jusqu’au stade présent.

C’est pro­ba­ble­ment ce qu’il veut dire ; mais le silence sur cette conti­nui­té entraîne aus­si et mal­heu­reu­se­ment l’absence de toute cer­ti­tude sur ce point. « Vivante » pour­rait cer­tai­ne­ment indi­quer un lien entre les dif­fé­rents stades, en évi­ter les rup­tures plus ou moins graves et assu­rer ain­si la conti­nui­té vive et vitale de la Tradition. Mais le texte reste muet sur ce sujet. Il se contente d’affirmer que la Tradition est vivante.

Or il ne suf­fit pas de la décla­rer vivante pour qu’elle le soit réel­le­ment. La com­mu­ni­ca­tion vitale entre ses dif­fé­rentes phases ne doit pas être seule­ment pro­cla­mée, elle doit d’abord et sur­tout être démon­trée, et de façon telle que cette démons­tra­tion coïn­cide avec la conti­nui­té au moins sub­stan­tielle de son conte­nu avec ceux des phases précédentes.

La Tradition est vivante non pas quand elle s’insère dans quelque nou­veau­té, mais quand on en découvre ou qu’on en déduit quelque aspect nou­veau qui, aupa­ra­vant, avait échap­pé à l’attention, ou quand quelque nou­velle com­pré­hen­sion de son conte­nu ori­gi­nel enri­chit le pré­sent de la vie ecclésiale.

Vie qui ne pro­cède pas par secousses ou par bonds décon­nec­tés les uns des autres, mais sur l’axe du « quod sem­per, quod ubique, quod ab omni­bus cre­di­tum est », que Vatican I, à la suite de Trente, expri­mait en se réfé­rant au sens « quem tenuit ac tenet sanc­ta Mater Ecclesia » (DS 1507 et 3007).

Le « tou­jours », le « par­tout », le « par tous » concerne non pas l’identité des paroles et donc de l’assertion dans son ensemble, mais bien le sens que l’Église, au moyen de son Magistère solen­nel et ordi­naire, a tou­jours tenu et tient encore main­te­nant dans ses asser­tions théo­lo­giques et dogmatiques.

Le prin­cipe de la « Tradition vivante » n’a pas été l’objet de dis­cus­sions. Pourtant, il est sus­cep­tible d’ouvrir la voie à un gau­chis­se­ment du dépôt sacré des véri­tés conte­nues dans la Tradition.

Dans une ambiance comme celle qui régnait pen­dant et après Vatican II, quand seul ce qui était nou­veau appa­rais­sait comme vrai, et quand ce nou­veau se pré­sen­tait sous les traits de la culture imma­nen­tiste et fon­da­men­ta­le­ment athée de notre temps, la doc­trine de tou­jours ne consti­tuait plus qu’un vaste cimetière.

La Tradition est res­tée mor­tel­le­ment bles­sée et elle ago­nise aujourd’hui (à moins qu’elle ne soit déjà morte) à la suite de posi­tions radi­ca­le­ment incon­ci­liables avec son pas­sé. Il ne suf­fit donc pas de la défi­nir comme vivante, si elle n’a plus rien de vivant.

La réa­li­té (et c’est grave) est qu’on parle de Tradition vivante pour ava­li­ser toute inno­va­tion pré­sen­tée comme le déve­lop­pe­ment natu­rel de véri­tés offi­ciel­le­ment trans­mises et reçues, même dans le cas où l’innovation n’a rien en com­mun avec ces véri­tés et qu’elle est bien autre chose qu’un germe nou­veau du vieux tronc.

En véri­té, la Tradition est vivante seule­ment dans la mesure où elle est et conti­nue d’être la même Tradition apos­to­lique qui se repro­pose inal­té­rée dans et par la Tradition ecclé­sias­tique.

L’une a en soi une signi­fi­ca­tion plu­tôt pas­sive : elle est ce qui est trans­mis, égal à lui-​même, y com­pris dans sa trans­mis­sion, parce que c’est le dépôt qui doit être gar­dé inaltéré.

L’autre, au contraire, mani­feste une signi­fi­ca­tion plus active, comme l’organe offi­ciel qui pour­voit à la trans­mis­sion fidèle du dépôt, et trouve dans cette fina­li­té qui est sienne la jus­ti­fi­ca­tion de l’adjectif « vivant ».

Donc une don­née qui n’aurait pas ses racines dansle conte­nu trans­mis ne serait pas une don­née de la Tradition vivante,même dans le cas, en soi et pour soi absurde, où elle serait offi­ciel­le­ment proposée.

Un exemple écla­tant : la théo­lo­gie trans­cen­dan­tale de Rahner ne pour­ra jamais être décla­rée élé­ment de la Tradition vivante, carelle en est en réa­li­té la tombe.

Quelque chose dans le Concile, beau­coup de choses dans le post-​concile ont concou­ru à creu­ser cette tombe.

La légi­ti­mi­té de l’adjectif« vivant » en rap­port avec le pro­grès de connais­sance qu’on peut avoir de la Tradition, comme nous l’avons déjà men­tion­né, ne peut se dis­cu­ter. Elle concerne alors le domaine du « pro­grès dogmatique ».

C’est en fait le devoir du Magistère ecclé­sias­tique non seule­ment de repro­po­ser la Tradition apos­to­lique, mais aus­si de l’étudier à fond, de l’analyser, de l’expliciter.

Le carac­tère vivant de la Tradition se mani­feste alors, non pas dans le fait d’en mesu­rer le conte­nu apos­to­lique par rap­port au niveau et au conte­nu de la culture de telle ou telle époque de l’histoire, mais dans le fait d’en amor­cer le pas­sage de l’impli­cite à l’expli­cite.

En tout cas, l’appel actuel à la Tradition vivante se résume en un véri­table péril pour la foi de chaque chré­tien et de la com­mu­nau­té chré­tienne tout entière.

Les chan­ge­ments déjà men­tion­nés, et ceux qui seront étu­diés un peu plus loin, le démontrent amplement.

Sur la liberté religieuse

Extrait du cha­pitre VII « Le grand pro­blème de la liber­té religieuse »

Est-​il alors pos­sible d’inscrire Dignitatis Humanæ dans l’herméneutique de conti­nui­té ? Si l’on se contente de la décla­ma­tion abs­traite, certes ; sur le plan de la per­ti­nence his­to­rique, je ne vois pas comment.

Et la rai­son en est une lapa­lis­sade : la liber­té du Décret Dignitatis Humanæ, qui ne concerne pas un aspect de la per­sonne humaine, mais son essence même et, avec elle, toute son acti­vi­té indi­vi­duelle et publique, car libre de tout condi­tion­ne­ment poli­tique et reli­gieux, a bien peu en com­mun, par exemple, avec Mirari vos de Grégoire XVI, Quanta cura et le Syllabus joint en annexe du bien­heu­reux Pie IX, Immortale Dei de Léon XIII (sur­tout ce qui touche aux rap­ports entre auto­ri­té civile et gou­ver­ne­ment de l’Église ), Pascendi domi­ni­ci gre­gis de saint Pie X et le décret Lamentabili du Saint-​Office, qui l’a de peu pré­cé­dée, ni avec Humani gene­ris de Pie XII.

En fait, ce n’est pas une ques­tion de lan­gage dif­fé­rent ; la diver­si­té est sub­stan­tielle, et donc irré­duc­tible. Les conte­nus res­pec­tifs sont différents.

Ceux du pré­cé­dent Magistère ne trouvent ni conti­nui­té ni déve­lop­pe­ment dans celui de Dignitatis Humanæ.

Deux Magistères, alors ?

La ques­tion ne devrait même pas être posée, parce que le Magistère ecclé­sias­tique est, de par sa nature, un et indi­vi­sible : c’est celui créé par Notre Seigneur Jésus-Christ.

Nombreux sont ceux qui, en en réaf­fir­mant l’unité et l’indivisibilité, ne dis­tinguent pas du tout, vu le cli­mat du temps pré­sent, le dan­ger du dédou­blage. L’idée que le Magistère applique aujourd’hui un prin­cipe dif­fé­rem­ment, voire à l’opposé d’hier, en hom­mage aux cir­cons­tances actuelles chan­gées, ne les effraie pas.

Je pour­rais aus­si me décla­rer d’accord, pour­vu que la condi­tion indé­ro­geable et indis­cu­table du « eodem sen­su, eademque sen­ten­tia » soit tou­jours sauve.

Malheureusement, l’évidence du fait que cha­cun semble suivre son propre che­min ferait bien pen­ser à un Magistère dédoublé.

Sur l’œcuménisme

Extrait du cha­pitre VIII « Œcuménisme ou syncrétisme »

Oui vrai­ment, encore une fois, quel est le pro­tes­tan­tisme d’Unitatis Redintegratio ?

Abandonné à cette incer­ti­tude, le post-​concile n’a ména­gé à per­sonne son atten­tion, accueillant l’inclination de tous pour le monde, comme s’il s’agissait d’un « prin­cipe et fon­de­ment » (cf. Exercices spi­ri­tuels de saint Ignace) d’un nou­veau type, pre­nant en charge ses joies et ses espé­rances, ain­si que ses contra­dic­tions, et oubliant la mise en garde de l’Apôtre : « Si je plai­sais encore au monde, je ne serais pas ser­vi­teur du Christ » (Ga. 1, 10).

On a éta­lé les résul­tats obte­nus suite à cet acquies­ce­ment au monde qui, s’il n’est pas néces­sai­re­ment une tra­hi­son du Christ, est en fin de compte tou­jours une rup­ture de la véné­rable Tradition. De ces rup­tures, on a empli les volumes de l’Enchiridion œcu­me­ni­cum, sans se pré­oc­cu­per du scan­dale, ou du moins de la stu­peur, que ces faits ont sus­ci­té chez tout catho­lique sérieux.

Un seul exemple, et « ab uno disce omnes » (Virgile, Énéide, II, 65) : le consen­sus stu­pé­fiant sur la doc­trine luthé­rienne de la « jus­ti­fi­ca­tion » (laquelle, pour celui qui a un mini­mum d’information, concerne la doc­trine du péché ori­gi­nel, ses effets dévas­ta­teurs sur la nature humaine, sa rémis­sion par la grâce seule, indé­pen­dam­ment de tout apport de la liber­té, son appli­ca­tion pure­ment exté­rieure par les mérites du Christ qui cou­vri­raient le péché, avec pour consé­quence que le jus­ti­fié reste en même temps sanc­ti­fié et pécheur, « simul ius­tus et pec­ca­tor »).

J’ai rap­pe­lé plus haut que Luther pré­ci­sé­ment (en 1537) aurait été dis­po­sé à tout type de conces­sion à l’égard du « papisme » ; mais une seule chose ne pou­vait être remise en ques­tion : la doc­trine de la jus­ti­fi­ca­tion par la foi seule.

Il aura fal­lu cinq siècles, mais il a été conten­té : celui qui lui a don­né rai­son, qui donc a por­té dans l’antichambre de la foi sa doc­trine, c’est fina­le­ment le post-concile.

Une supplique au pape Benoît XVI

Extrait

Il y a déjà long­temps que l’idée (que j’ose à pré­sent sou­mettre à Votre Sainteté) m’était venue d’une mise au point gran­diose, et si pos­sible défi­ni­tive, sur le der­nier concile, concer­nant cha­cun de ses aspects et de ses contenus.

Il paraît, en effet, logique, et il me semble impé­ra­tif, que cha­cun de ces aspects et conte­nus soit étu­dié en soi et dans le contexte de tous les autres, en obser­vant atten­ti­ve­ment toutes les sources, et sous l’angle spé­ci­fique de la conti­nui­té avec le Magistère ecclé­sias­tique pré­cé­dent, qu’il soit solen­nel ou ordi­naire. A par­tir d’un tra­vail scien­ti­fique et cri­tique aus­si ample et irré­pro­chable que pos­sible, en lien avec le Magistère tra­di­tion­nel de l’Église, il sera ensuite pos­sible d’en tirer matière pour une éva­lua­tion sûre et objec­tive de Vatican II.

Ceci per­met­tra de répondre aux ques­tions sui­vantes (par­mi de nom­breuses autres) :

• Quelle est la vraie nature de Vatican II ?

• Quel est le rap­port entre son carac­tère pas­to­ral (dont il fau­dra pré­ci­ser avec auto­ri­té la notion) et son éven­tuel carac­tère dog­ma­tique ? Le pas­to­ral est-​il conci­liable avec le dog­ma­tique ? Le suppose-​t-​il ? Le contredit-​il ? L’ignore-t-il ?

• Est-​il vrai­ment pos­sible de défi­nir le concile Vatican II comme « dog­ma­tique » ? Et donc de se réfé­rer à lui comme dog­ma­tique ? De fon­der sur lui de nou­velles asser­tions théo­lo­giques ? En quel sens ? Dans quelles limites ?

• Vatican II est-​il un « évé­ne­ment » dans le sens des pro­fes­seurs de Bologne (*), c’est-à-dire qui coupe les liens avec le pas­sé et ins­taure une ère nou­velle sous tous les aspects ? Ou bien tout le pas­sé revit-​il en lui « eodem sen­su eademque sen­ten­tia » ?

(*) Les his­to­riens pro­gres­sistes du concile Vatican II regrou­pés autour du Professeur Giuseppe Alberigo (NDLR)

Mgr Brunero Gherardini, prêtre du dio­cèse de Prato (Italie), est au ser­vice du Saint-​Siège depuis 1965, notam­ment comme pro­fes­seur d’ecclésiologie et d’œcuménisme à l’Université pon­ti­fi­cale du Latran jusqu’en 1995. Il est l’auteur d’une cen­taine d’ouvrages et de plu­sieurs cen­taines d’articles de revue, sur trois cercles de recherche concen­triques : la Réforme du XVIe siècle, l’ecclésiologie, la mario­lo­gie. Mgr Gherardini est actuel­le­ment cha­noine de l’Archi-basilique Vaticane et direc­teur de la revue inter­na­tio­nale de théo­lo­gie « Divinitas ».

DICI n°207 – 19/​12/​09 – Source : Casa Mariana Editrice