Assise 1986, qu’en penser ?

La publi­ca­tion ita­lienne « SI SI NO NO » dans son numé­ro du 18 octobre 1986 a expo­sé tous les cri­tères théo­lo­giques qui condamnent « La jour­née mon­diale de prière » pour la paix qui a été réunie à Assise à la demande du Pape. Cette étude écrite avant cette jour­née a valeur de docu­ment, c’est la rai­son pour laquelle FIDELITER la repro­duit et la livre à ses lecteurs.

On a dit, avec une pré­ci­sion cer­tai­ne­ment invo­lon­taire, que « la ren­contre de prière » d’Assise est une « ini­tia­tive per­son­nelle » de Jean-​Paul II. En tant qu’initiative « per­son­nelle » – une sor­tie, pour par­ler clai­re­ment – elle n’engage aucu­ne­ment son man­dat de « pas­teur et maître de tous les chré­tiens » (Vatican I) et ne concerne pas non plus la doc­trine, en se confor­mant au thème – poli­tique – pro­po­sé par l’O.N.U. pour cette année 1986 pro­cla­mée « année inter­na­tio­nale de la paix ».

Le 27 octobre pro­chain se réuni­ront à Assise, non seule­ment les catho­liques, mais aus­si « les repré­sen­tants des autres reli­gions du monde » pour une ren­contre pour la paix » (Cf. « L’Osservatore Romano » des 26/​27 jan­vier dernier).

Ceux que Jean-​Paul II a appe­lés « les repré­sen­tants des autres reli­gions » ont tou­jours été appe­lés plus pro­pre­ment par l’Église « infi­dèles » : « sont infi­dèles en un sens plus géné­ral tous ceux qui n’ont pas la vraie foi ; au sens propre les infi­dèles sont les non-​baptisés et ils se divisent en mono­théistes (juifs et musul­mans), poly­théistes (hin­dous, boud­dhistes, etc …) et athées » (Roberti-​Palazzini, Dizionario di teo­lo­gia morale, p. 813). Et ce que Jean-​Paul II a appe­lé les « autres reli­gions » a tou­jours été appe­lé plus pro­pre­ment par l’Église les « fausses reli­gions » : est fausse toute reli­gion non chré­tienne « en tant que ce n’est pas la reli­gion que Dieu a révé­lée et veut voir pra­ti­quer. Est fausse aus­si, en outre, toute secte chré­tienne non catho­lique, en tant qu’elle n’accepte ni ne pra­tique fidè­le­ment tout le conte­nu de la révé­la­tion » (ibi­dem).

Cela dit, la « ren­contre de prière » ne peut être consi­dé­rée, à la lumière de la foi catho­lique, que comme :

1) Une injure faite à Dieu

2) Une néga­tion de la néces­si­té uni­ver­selle de la Rédemption

3) Un manque de jus­tice et de cha­ri­té envers les infidèles

4) Un dan­ger et un scan­dale pour les catholiques

5) Une tra­hi­son de la mis­sion de l’Église et de saint Pierre

Injure faite à Dieu

Toute prière, y com­pris la prière de demande, est un acte de culte (S. Th., II. II, q. 83). Comme telle, elle doit s’adresser à Celui à qui elle est due et de la manière qu’il faut.

Celui à qui elle est due : le seul vrai Dieu, Créateur et Seigneur de tous les hommes à qui Notre-​Seigneur Jésus-​Christ les a rame­nés (I Jn V 20) en confir­mant le pre­mier com­man­de­ment de la Loi : « Je suis le Seigneur, ton Dieu… Tu n’auras d’autres dieux que Moi seul… tu ne les ado­re­ras ni ne leur ren­dras de culte » (Ex. XX 2,5, cf. Mt. IV 3–10 ; Jn XVII 3, Tim. II 5. Voir à ce sujet Pietro card. Palazzini, Vita e vir­tu cris­tiane, p. 52 et Garrigou Lagrange, De Revelatione, Rome-​Paris 1918, t. I p. 136).

De la manière qu’il faut : qui cor­res­ponde par consé­quent à la plé­ni­tude de la Révélation sans mélange d’erreur : « L’heure vient, et c’est main­te­nant où les vrais ado­ra­teurs ado­re­ront Dieu en esprit et en véri­té : car le Père désire que soient tels ceux qui l’adorent » (Jn IV, 23).

La prière, adres­sée aux fausses divi­ni­tés ou ani­mée d’opinions reli­gieuses contras­tant en tout ou en par­tie avec la Révélation divine, n’est pas acte de culte mais de super­sti­tion, elle n’honore pas Dieu mais l’offense ; objec­ti­ve­ment au moins, c’est un péché contre le pre­mier com­man­de­ment (Cf. S. Th. 11.11, qq. 92–96).

Qui vont prier ceux qui se réuni­ront à Assise, et de quelle manière ? Invités dans leur uni­forme de « repré­sen­tants des autres reli­gions » ; « ils prie­ront cha­cun de manière et dans le style qui leur sont propres » . C’est ce qu’a expli­qué le car­di­nal Willebrands, pré­sident du secré­ta­riat pour les non-​chrétiens (voir « l’Osservatore Romano » des 27/​28 jan­vier der­nier, p. 4). La chose a été confir­mée le 27 juin der­nier par le Cardinal Etchegaray en une confé­rence de presse publiée par « La Documentaiton catho­lique » des 7/​21 sep­tembre 1986 sous la rubrique Actes du Saint-​Siège : « II s’agit de res­pec­ter la prière de cha­cun, de per­mettre à cha­cun de s’exprimer dans la plé­ni­tude de sa foi, de sa croyance. »

A Assise donc, le 27 octobre, la super­sti­tion sera lar­ge­ment pra­ti­quée et sous ses formes les plus graves, du « faux culte » des Juifs qui pen­dant l’ère de la grâce, pré­tendent hono­rer Dieu en niant son Christ (cf. S. Th. 11.11 q. 92 a. 2 ad 3 et 1.11 q. 10 a. 11) à l’idolâtrie des hin­douistes et boud­dhistes qui rendent un culte à la créa­ture au lieu de le rendre au Créateur (cf. Act. XVII 16).

Leur appro­ba­tion au moins exté­rieure, par la hié­rar­chie catho­lique est sou­ve­rai­ne­ment inju­rieuse pour Dieu en sup­po­sant et en lais­sant sup­po­ser qu’Il puisse regar­der d’un œil éga­le­ment bien­veillant tant un acte de culte qu’un acte de super­sti­tion, tant une mani­fes­ta­tion de foi qu’une mani­fes­ta­tion d’incrédulité (cf. S. Th. 11.11 q. 94 a. 1), tant la vraie reli­gion que les reli­gions fausses ; bref, tant la véri­té que l’erreur.

Négation universelle de la Rédemption

Il y a un unique Médiateur entre Dieu et les hommes : Notre-​Seigneur Jésus, Fils de Dieu et vrai homme (I Tim. II 5). Par nature, les hommes sont « enfants de colère » (Eph. II 3) : par Lui, ils ont été récon­ci­liés avec le Père (Col. I 20) et ce n’est que par la foi en Lui qu’ils puissent avoir la har­diesse de s’approcher de Dieu en toute confiance (Eph. III 12).

A Lui a été don­né tout pou­voir au ciel et sur la terre (Mt XXVIII 18) et en son nom tout genou devra flé­chir, au ciel, sur terre et aux enfers (Phil. II 10.11).

Nul ne va au Père sinon par Lui (Jn XIV 6) et il n’existe aucun autre nom sous le ciel par lequel l’homme puisse se sau­ver (Act. IV 12). Il est la Lumière qui illu­mine tout homme qui vient en ce monde (Jn I 9), et qui­conque ne Le suit pas che­mine dans les ténèbres (Jn VIII 12). Qui n’est pas pour Lui est contre Lui (Mt XIII 30) et qui ne l’honore pas outrage aus­si son Père qui L’a envoyé (comme le font pré­ci­sé­ment les Juifs) (Jn V 23). C’est à Lui que le Père a remis le juge­ment des hommes, mais celui qui ne croit pas a déjà été jugé puisqu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu (Jn III 18) : en Lui et au Père qui L’a envoyé (Jn XVII 3).

II est, de plus, le Prince de la Paix (Is. IX 6, cf. Eph. II 14 et Michée V 5), car les divi­sions, les conflits et les guerres sont le fruit amer du péché dont l’homme ne se libère pas par sa ver­tu propre, mais en ver­tu du Sang du Rédempteur.

Quelle part Notre-​Seigneur Jésus-​Christ aura-​t-​il à Assise à la prière des « repré­sen­tants des autres reli­gions » non chré­tiennes ? Aucune, car il reste pour eux soit une incon­nue, soit une pierre d’achoppement, signe de contra­dic­tion. L’invitation qui leur a été adres­sée de prier pour la paix du monde sup­pose et laisse inévi­ta­ble­ment sup­po­ser qu’il y a des gens – les chré­tiens – qui doivent s’approcher de Dieu par la média­tion de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et en son nom et d’autres – le reste du genre humain – qui peuvent s’approcher de Dieu direc­te­ment en leur propre nom, sans tenir compte du Médiateur ; des hommes qui doivent ployer le genou devant Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et d’autres qui en sont exemp­tés ; des hommes qui doivent cher­cher la paix dans le règne de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et d’autres qui peuvent obte­nir la paix en dehors de son règne et même en s’y oppo­sant. C’est ce qui res­sort d’ailleurs des décla­ra­tions des deux car­di­naux cités plus haut : « Si pour nous chré­tiens, le Christ est notre paix, pour tous les croyants la paix est un don de Dieu » (car­di­nal Willebrands dans « L’Osservatore Romano » cité) ; « pour les chré­tiens, la prière passe par le Christ » (car­di­nal Etchegaray dans la « docu­men­ta­tion catho­lique » , citée).

« La ren­contre de prière » d’Assise est donc la néga­tion publique de la néces­si­té uni­ver­selle de la Rédemption.

Manque de justice et de charité envers les infidèles

« Jésus-​Christ n’est pas facul­ta­tif » a dit le car­di­nal Pie. Il n’y a pas des hommes qui sont jus­ti­fiés par la foi en Lui et d’autres qui sont jus­ti­fiés sans tenir compte de Lui : tout homme se sauve dans le Christ ou se perd sans Lui. Il n’y a pas non plus de fins der­nières natu­relles pour les­quelles l’homme puisse opter à titre d’alternative à son unique fin sur­na­tu­relle ; si, éga­ré comme il l’est par le péché, il ne trouve pas dans le Christ la seule Voie (Jn IV 6) par où atteindre la fin pour laquelle il a été créé, il ne lui reste que la ruine éternelle.

C’est la vraie foi et non pas, donc, la simple « bonne foi », qui est la condi­tion sub­jec­tive de salut pour tous, même pour les païens ; puisqu’elle est de néces­si­té de moyen, « si elle vient à man­quer (même invo­lon­tai­re­ment) il est abso­lu­ment impos­sible d’opérer le salut éter­nel (Hebr. XI 6) (Roberti-​Palazzini, op. cit. p. 66).

L’infidélité volon­taire, explique saint Thomas, est une faute et l’infidélité invo­lon­taire est un châ­ti­ment. En effet, les infi­dèles qui ne se perdent pas par le péché d’incrédulité, c’est-à-dire par le péché de ne pas avoir cru au Christ dont ils n’ont jamais rien su, se perdent par leurs autres péchés dont rémis­sion ne peut être faite à per­sonne sans la vraie foi (voir Mc XVI 15–16 ; Jn XX 31 ; Hébr. XI 6 ; Concile de Trente dans Denzinger 799 et 801 ; Vatican II Dz. 1793 ; cf. S. Th. 11.11 q. 11 art. 1).

Rien donc n’est plus impor­tant pour l’homme que l’acceptation du Rédempteur et l’union au Médiateur : c’est affaire de mort ou de vie éter­nelle. Voilà ce que les infi­dèles ont le droit de s’entendre annon­cer par l’Église catho­lique confor­mé­ment au com­man­de­ment divin (Mc VI 16 ; Mt XXVIII 19–20). Et voi­là ce que l’Église catho­lique a tou­jours annon­cé aux infi­dèles en priant non avec eux mais pour eux.

Que se passera-​t-​il à Assise ? On n’y prie­ra pas pour les infi­dèles, pré­su­mant donc impli­ci­te­ment et publi­que­ment qu’ils n’ont plus besoin de la vraie foi. Au lieu de cela, on prie­ra en s’unissant à eux ou, selon la sub­ti­li­té rab­bi­nique de Radio-​Vatican, on se tien­dra auprès d’eux pour prier, pré­su­mant ain­si impli­ci­te­ment et publi­que­ment que la prière dic­tée par l’erreur est agréée de Dieu autant que la prière faite « en esprit et en véri­té ». « Il s’agit de res­pec­ter la prière de cha­cun » a expli­qué le car­di­nal Etchegaray dans sa brève décla­ra­tion. Cela veut dire que les infi­dèles qui se réuni­ront à Assise et qui – prenons‑y garde – ne sont pas ces « sau­vages éle­vés dans les forêts » qui « n’ont jamais rien su de la foi » et sur les­quels les théo­lo­giens bâtissent leurs hypo­thèses quand ils dis­cutent le pro­blème du salut des infi­dèles (S. Th., De Veritate XIV 11), seront « res­pec­tueu­se­ment » lais­sés « dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort » (Lc I 79).

Autorisés à prier dans leur cos­tume dis­tinc­tif de « repré­sen­tants des autres reli­gions » et confor­mé­ment à leurs croyances reli­gieuses erro­nées, ils sont même encou­ra­gés à per­sé­vé­rer dans les péchés, maté­riels au moins, contre la foi : l’infidélité, l’hérésie, etc… Invités à prier pour la paix du monde, défi­nie comme étant un bien « fon­da­men­tal » et « suprême » (Jean-​Paul II et le car­di­nal Willebrands dans « L’Osservatore Romano », res­pec­ti­ve­ment les 7/​8 avril et 27/​28 jan­vier 1986), ils sont détour­nés des biens éter­nels vers un bien tem­po­rel, vers une fin secon­daire natu­relle, comme s’ils n’avaient pas à se pro­cu­rer une fin der­nière sur­na­tu­relle, celle-​ci vrai­ment fon­da­men­tale et suprême : « Cherchez le règne de Dieu et sa jus­tice, et le reste vous sera don­né en sur­plus » (Mt VI 33). Pour tous ces motifs, la « ren­contre de prière » d’Assise est, au moins vue de l’extérieur, un man­que­ment à la jus­tice et à la cha­ri­té envers les infidèles.

Péril et scandale pour les catholiques

La vraie foi est indis­pen­sable au salut. Les catho­liques sont donc obli­gés d’éviter tout dan­ger pro­chain pour leur foi. Parmi les dan­gers exté­rieurs se trouve le contact avec les infi­dèles quand il ne résulte pas d’une véri­table néces­si­té. Ce contact est illi­cite en ver­tu du droit natu­rel et divin avant même de l’être en ver­tu du droit ecclé­sias­tique et même dans les cas où le droit ecclé­sias­tique ne l’interdit pas, par exemple dans les rela­tions sociales : Haereticum homi­nem devi­ta, Evitez l’hérétique » (Tit. III 10).

L’Église a d’ailleurs tou­jours inter­dit, par sou­ci mater­nel tout ce qui pour­rait être pour les catho­liques non seule­ment un dan­ger pour la foi mais aus­si un motif de scan­dale. (Voir le Code de Pie X, publié par Benoît XV, qui repre­nait le droit sécu­laire de l’Église, les canons 1258 et 2316 ; et S. Th. 11.11 q. 10, art. 9–11).

Quant aux fausses reli­gions, l’Église leur a tou­jours refu­sé le droit au culte public. Elle a tolé­ré quand c’était néces­saire, mais tolé­rance veut tou­jours dire « par rap­port à un mai à per­mettre pour une rai­son pro­por­tion­née » (Roberti-​Palazzini, op. cit. p. 1702). En tout cas elle a tou­jours évi­té et inter­dit toute appro­ba­tion appa­rente des rites non catholiques.

Qu’est-ce qui va se pas­ser à Assise ? Catholiques et infi­dèles y « seront ensemble pour prier » (bien que ce ne soit pas « pour prier ensemble » selon l’insupportable jeu de mots ci-​dessus). Ce qui veut sim­ple­ment dire qu’ils prie­ront ensemble à Assise, mais d’abord aux mêmes moments dans leurs rési­dences res­pec­tives, ensuite à tour de rôle étant réunis pour la céré­mo­nie de clô­ture devant la basi­lique supé­rieure de saint François. Or ceci ne se fait pas pour pro­té­ger la foi des catho­liques ou pour évi­ter au moins de les scan­da­li­ser. C’est pour per­mettre à cha­cun de prier « selon la manière et le style qui leur sont propres » , pour « res­pec­ter la prière de cha­cun » et « per­mettre à cha­cun de s’exprimer dans la plé­ni­tude de sa foi, de sa croyance (voir décla­ra­tions des car­di­naux Willebrands et Etchegaray citées ci-​dessus). Voilà qui com­porte une appro­ba­tion au moins extérieure :

1) Des faux cultes aux­quels l’Église a tou­jours dénié tout droit ;

2) Du sub­jec­ti­visme reli­gieux qu’elle a tou­jours condam­né sous les noms d’indifférentisme ou de lati­tu­di­na­risme et qui « cherche à se jus­ti­fier par de pré­ten­dues exi­gences de la liber­té, mécon­nais­sant les droits de la véri­té objec­tive qui se mani­feste soit par les lumières de la rai­son, soit par celles de la Révélation » (Roberti-​Palazzini op. cit. p. 805).

Or l’indifférentisme reli­gieux qui « est l’une des héré­sies les plus délé­tères » et qui « met toutes les reli­gions sur le même plan », entraîne inévi­ta­ble­ment à regar­der la véri­té de la croyance reli­gieuse aux rai­sons d’être de la vie réglée et du salut éter­nel comme injus­ti­fiée : « On finit par regar­der la reli­gion comme un fait tout à fait indi­vi­duel, dans lequel on s’adapte aux dis­po­si­tions de cha­cun, le lais­sant se for­mer une reli­gion per­son­nelle, et par conclure que toutes les reli­gions sont bonnes bien qu’elles se contre­disent entre elles » (ibi­dem op. cit. p. 805). Mais en cela nous sommes en dehors de l’acte de foi catho­lique. Nous en sommes à l’« acte de foi du vicaire savoyard » de Rousseau, un illu­mi­né, qui est un acte d’incrédulité à l’égard de la Révélation divine. Celle-​ci est en effet un fait réel, une véri­té accré­di­tée par Dieu au moyen de signes cer­tains parce que l’erreur en ce domaine aurait pour l’homme les consé­quences les plus graves (Léon XIII, ency­clique Libertas 1888). Or, « en pré­sence d’un fait réel ou d’une véri­té évi­dente, l’on ne peut être tolé­rant au point d’approuver l’attitude de qui les consi­dère comme inexis­tants ou faux, cela sup­po­se­rait que nous ne croyons pas tout à fait ou ne soyons pas plei­ne­ment convain­cus de la véri­té de notre posi­tion, ou que nous ne soyons (ou esti­mions être) en pré­sence d’une matière abso­lu­ment indif­fé­rente ou banale, ou encore que nous consi­dé­rions la véri­té ou l’erreur comme des posi­tions pure­ment rela­tives » (Roberti-​Palazzini op. cit. p. 1703).

Et puisque la « ren­contre de prière » com­porte pré­ci­sé­ment tout cela, elle est occa­sion de scan­dale pour les catho­liques et grave dan­ger pour leur foi. Du fait de l’œcuménisme, ils se retrou­ve­ront enfin réunis aux infi­dèles, certes, mais dans leur « ruine com­mune » (Pie XII Humani Generis, 1950).

Trahison de la mission confiée à Pierre et à l’Église

Il s’agit d’annoncer à toutes les nations

1) Qu’il y a un seul vrai Dieu, qui s’est révé­lé au pro­fit de tous les hommes en Notre-​Seigneur Jésus-Christ ;

2) Qu’il n’y a qu’une seule vraie reli­gion, la seule où Dieu veuille être hono­ré, parce qu’il est Vérité et que tout ce qui s’oppose à la véri­té dans les fausses reli­gions Lui répugne : erreurs de doc­trine, immo­ra­li­té des lois, incon­ve­nances de rites ;

3) Qu’il n’y a qu’un seul Médiateur, entre Dieu et les hommes, par qui l’homme puisse espé­rer être sau­vé, parce que tous sont pécheurs et demeurent dans leur péché s’ils sont pri­vés du Sang du Christ ;

4) Qu’il y a une seule vraie Église, conser­va­trice à per­pé­tui­té de ce Sang et « qu’il faut donc croire que nul ne peut se sau­ver hors de l’Église apos­to­lique romaine, qui est l’unique arche de salut, et que ceux qui n’y entrent pas péri­ront dans le déluge » (Pie IX, Denzinger 1647) ; encore leur faut-​il y entrer ayant par­mi leurs dis­po­si­tions morales au moins le désir, expli­cite ou impli­cite, d’accomplir toute la volon­té de Dieu, si leur igno­rance est vrai­ment invin­cible (ibi­dem).

La mis­sion propre de l’Église est donc d’annoncer tout ceci : « Allez ins­truire tous les peuples ; baptisez-​les au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit en leur appre­nant à obser­ver tout ce que Je vous ai com­man­dé » (Mc XXVIII 19–20). « Parcourez le monde entier, prê­chez l’Evangile à toute créa­ture. Celui qui croi­ra et sera bap­ti­sé sera sau­vé ; mais celui qui ne croi­ra pas, sera dam­né » (Mc XVI 16).

Or pour que l’Église pût accom­plir avec assu­rance cette mis­sion au cours des siècles, Notre-​Seigneur Jésus-​Christ a confé­ré à saint Pierre et à ses suc­ces­seurs la mis­sion de Le repré­sen­ter visi­ble­ment (Mt XVI 17–19 ; Jn XXI 15–17) : « Ce vicaire de Jésus-​Christ n’a donc pas pré­ci­sé­ment la charge d’établir une nou­velle doc­trine à l’aide de nou­velles révé­la­tions, ni de créer un nou­vel état des choses, ni d’instituer de nou­veaux sacre­ments, telle n’est pas sa fonc­tion. Il repré­sente Jésus-​Christ à la tête de son Église dont la consti­tu­tion est ache­vée. Cette consti­tu­tion essen­tielle, c’est-à-dire la créa­tion de l’Église, a été l’œuvre propre de Jésus-​Christ, qu’Il devait mener à terme Lui-​même et dont Il dit au Père : « J’ai accom­pli l’œuvre que Vous m’avez don­née à accom­plir (Jn XVII 4). II n’y a plus rien à y ajou­ter, il ne faut que main­te­nir cette œuvre, assu­rer l’œuvre de l’Église et pré­si­der au fonc­tion­ne­ment de ses organes. II y faut deux choses : la gou­ver­ner et per­pé­tuer l’enseignement de la véri­té. Le Concile Vatican I ramène à ces deux objets la fonc­tion suprême du Vicaire de Jésus-​Christ. Pierre repré­sente Jésus-​Christ sous ces deux aspects » (Dom Adrien Gréa, De l’Église et de sa divine consti­tu­tion ; cf. Vatican I, Const. Pastor Aeternus, Chapitre IV).

Pouvoir donc sans égal que celui de Pierre, mais pou­voir comme vicaire et comme tel, nul­le­ment abso­lu mais limi­té par le droit divin de Celui qu’il repré­sente : « Le Seigneur a confié à Pierre non les bre­bis de Pierre, mais les siennes propres pour les faire paître non pas dans son propre inté­rêt mais dans celui de Dieu » (Saint Augustin, ser­mon 285, n° 3). Il n’est donc point au pou­voir de Pierre de pro­mou­voir des ini­tia­tives en désac­cord avec la mis­sion de l’Église et du Pontife romain, comme l’est évi­dem­ment « la ren­contre de prière » d’Assise. Il ne peut invi­ter des « repré­sen­tants » des fausses reli­gions à prier leurs faux dieux en des lieux consa­crés à la foi au vrai Dieu, lui qui est le Vicaire de Celui qui a dit : « Va-​t-​en Satan, car il est écrit : « Tu ado­re­ras le Seigneur ton Dieu et ne ren­dras de culte qu’à Lui » (Deut. VI 13 ; Mt IV 10).

Il ne peut auto­ri­ser à faire abs­trac­tion de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, lui, le suc­ces­seur de celui qui obtint la pri­mau­té en rai­son de sa foi pour avoir dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt XVI 16 ; cf. Jn VI 69–70). Ce n’est pas à lui d’être pierre d’achoppement pour la foi de ses frères et de ses fils, lui, le suc­ces­seur de celui qui a reçu la charge de les confir­mer dans la foi (Lc XXII 32).

Marcus

Sources : SiSINoNo d’octobre1986/​Fideliter n° 54 de nov-​déc 1986